un pognon de dingue

Quand il s’agit de financer du techno machin issus de power-points avec des concepts clés comme “développement-durable” ou “industrie-verte”, de l’argent, il y en a. Mais quand il s’agit de faire dans la sobriété, le low-tech et la qualité, l’effet de levier n’étant plus là les fonds non plus. Et je ne vous parle pas de financer les formations à la reconversion professionnelle, là, on touche le fond. C’est quand le changement de modèle ?

faconde présidentielle

Chaque fois qu’il est pris en défaut, Emmanuel Macron monte au créneau en faisant de la provocation :

Sur l’affaire Alexandre Benalla : “Qu’ils viennent me chercher !”
Sur la gestion de la crise sanitaire : “… toutes celles et ceux qui avaient prévu tous les éléments de la crise une fois qu’elle a eu lieu !”.
Aujourd’hui sur l’affaire McKinsey : “Que quiconque a la preuve qu’il y a une manipulation mette le contrat en cause au pénal” !

Allons “les enfants“, les gueux, les grincheux et les jaloux, il n’y a rien à voir !

Sur la gestion de la crise, je vous invite d’ailleurs à prendre le temps de lire mon -long mais détaillé- article, car il est symptomatique de la grave crise d’État que cela révèle.

Chaque fois que la “startup nation” fait naufrage avant d’avoir appareillé, on retrouve la faconde de l’adolescent pris la main dans le sac et qui au lieu de la fermer et de s’excuser se lance dans des propos agressifs et méprisants, du haut de son statut, qui le rend intouchable et il le sait bien…

Rappel :

après nous

Sans tomber dans le jeunisme, ça fait quand même sacrément du bien de voir des jeunes, dont beaucoup sont plus jeunes que les étudiants que j’ai en cours, révoltés par l’inaction climatique, environnementale, sociale. Soutien.

Photos Progrès, S. Guiochon

La manifestation de samedi organisée par Youths4Climate est un bol d’air dans une campagne politique rabougrie – et d’une violence – dont trop de candidat.e.s passent plus de temps à utiliser la violence pour cliver et exister, que sur les enjeux écologiques, sociaux et environnementaux :

bruit et fureur

Accumulation de raccourcis grossiers, confusionnisme avec des « raisonnements » alambiqués, tordus et orientés. En fait ces deux publications sont les deux facettes de la même pièce.

Franchise sans filtre ? Non, juste de la haine de celles et ceux qui se voient en « penseurs” réacs, qui haïssent tout ce qui n’est pas aussi intelligent qu’eux. Ça laisse quand même un goût amer et rance face à ce véritable renouveau de l’anti-communisme primaire, accompagné aujourd’hui d’une islamophobie radicale. Mais là où la proximité idéologique est totale, c’est sur un mépris profond pour l’écologie.

« 5eColonne » « soumission » (à des intérêts étrangers), réthorique de la « traitrise » etc. outre que c’est d’une bêtise sans fond, ils ne voient évidemment pas la poutre des trahisons qu’ils portent eux-mêmes… Tout ça n’est pas sans rappeler les pires heures du McCarthysme, ou la Russie actuelle de Poutine, avec ses discours sur la déclin de l’Occident.

C’est fou que tous ces « auteurs* » si fiers de leurs « raisonnements » qui se voient en remparts contre les « islamo-gauchistes » ne voient pas à quel point ils sont idéologiquement proches. Les seules choses qui les empêchent aujourd’hui de fusionner, c’est l’atlantisme béat des uns et l’antisémitisme des autres, une frontière pas si épaisse que cela quand on voit, par exemple, que les évangélistes américains sont parmi les plus fervents supporters du sionisme (ils y voient la possibilité, après la mise à feu et à sang du Moyen Orient, du retour du Messie).

Il ne faudrait pas grand chose pour que tous ceux-là s’allient autour d’un ennemi intérieur commun à abattre : un bloc historique écologique.

« La Raison est un Combat ». Ici c’est un naufrage réactionnaire qui contribue à attiser les haines au travers de discours virils d’adolescents pubères. Tout cela contribue à mettre à feu et à sang la France.

Après leurs campagnes, que leur restera-t’il ?  Des listes d’ennemis à abattre, du nettoyage idéologique pour restaurer leur vision de la France. Sombre.

de la construction en terre…

En guise de participation à un débat qui s’agite sur un “réseau social” connu :

1 – Les Guides de Bonnes Pratiques ont été écrits par des pros, pour des pros. Pas par des chercheurs et des gens qui passent leur temps dans les labos ou qui font des expérimentations sous couvert de “formations” qu’ils appellent “professionnelles”.

2 – Il faut évidement de tout : Des labos, des écoles etc. et des associations de pros, et des fédérations de pros (artisans notamment) et pour ce qui est des écoles, je reviens plus loin sur le sujet des “Grandes Écoles” dont font partie les Écoles d’architecture…

Le “différent” historique entre les labos/écoles “historiques” qui ont pignon sur rue et revendiquent d’être “les spécialistes mondiaux” de la terre d’un côté, et des groupes et associations de professionnels, c’est qu’avec toutes les aides, subventions, projets etc. que les premiers ont pu recueillir auprès des institutions publiques depuis des décennies (on peut donc vraisemblablement compter en millions d’euros collectés et mis dans la recherche etc.), la terre, et même la chaux qui est sa grande copine, ne sont toujours pas revenues dans les formations pro (CAP, BEP, Bac pro etc.) courantes, d’où les horreurs que l’on continue de voir quotidiennement produites par des maçons pourtant patentés :

16 août 2020 : Une “rénovation” d’un bâtiment pisé avec tout le “savoir-faire” du maçon contemporain…


Malgré tous ces millions d’euros durant toutes ces décennies, pas de démarche réellement pro-active d’information claire auprès des maîtres d’ouvrage publics, privés, pas de changement dans les formations de base, pas de réglementation adaptée… Des colloques internationaux, des beaux livres, donc, certains très bien fait et intéressants, mais au final, aucun impact, même pas auprès des professionnels concernés !
Peut-être faudrait-il enfin flécher tous ces sous, non plus dans de nouvelles “recherche-actions”, mais dans du concret : de la formation de pros, et dans de l’action directe auprès des maîtres d’ouvrage pour leur signifier la destruction de leur patrimoine, par des gens incompétents.

Donc il faut de tout, oui bien sûr, mais il faut quand même remettre “l’église au milieu du village”* : pour bien construire, il faut avoir été bien formé, à l’école et sur le terrain, pour que l‘intelligence de l’humain se traduise, et se nourrisse en retour, de l’intelligence de la main, des gestes… Ce que la production industrielle ne veut pas ! Et il y a là, l’autre nœud qui déchire des acteurs dont on pourrait légitimement croire qu’ils défendent les mêmes valeursRien n’est moins En est-on bien sûr ?

C’est ici que la question de l’intensité sociale, dans la production du cadre bâti de notre Cité, de la Cité que nous voulons, est primordiale : L’industrie veut des applicateurs de solutions toutes faites, dans des processus où la valeur ajoutée est captée par l’industriel au détriment de tous les autres acteurs de la chaîne de valeur (de la maîtrise d’ouvrage à la maîtrise d’œuvre, et la mise en œuvre), avec en bout de course des applicateurs sous-traitants payés au lance pierre, embauchés à la journée. C’est la réalité du monde du bâtiment aujourd’hui, la formation pro (des archis comme des ingénieurs comme celles applicateurs finaux) a été complètement façonnée par cette approche industrielle. On voit le résultat : des productions du bâti de pire en pire, de moins en moins d’emplois, de moins en moins de candidats à ces métiers (je fais référence à l’absence de candidats pour le conventionnel, car dans l’écologique, on croule sous les candidatures, y compris pour être simple maçon).

Cette tendance industrielle s’accélère (BIM, 5G, “smart building” etc.) alors qu’on ne sait même pas réparer un mur en terre ou assurer un étanchéité à l’air correcte.
C’est la fuite en avant technico-scientifico-numérique alors que les savoir faire et les gestes de base ne sont même plus enseignés (à part quelques centre de formation qui résistent) car ils sont considéré par l’industrie comme d’aucune valeur, ou plus exactement, l’industrie veut s’accaparer toute la valeur ajoutée…

Oui, on ne vend plus du m2 habitable pour vivre et répondre à des besoins : on fait juste tourner une machine qui doit rembourser les emprunts et les intérêts des investissements colossaux réalisés par une industrie à forte intensité capitalistique, des actionnaires à rémunérer coûte que coûte… La production du cadre bâti est l’industrie qui, par la spéculation foncière et immobilière et le crédit, à donné l’illusion que l’économie fonctionnait alors que la France se désindustrialisait. Car même les produits industrialisés du bâtiment font le tour de la planète…

Appliquer des produits industriels, production du futur “patrimoine” ?


Que voulez-vous ? On forme de plus en plus de cadres, de managers, dans une économie tertiaire dite de la “très haute valeur ajoutée”, mais c’est une une illusion, un mythe : nous n’avons jamais consommé autant de ressources, et nous sommes obligés de trouver des emplois à tous ces gens très importants formés dans des grandes écoles, qu’il faut payer très cher parce qu’ils ont fait de grandes études et qu’ils sont très intelligents : la chaîne de valeur industrialisée est faite pour ça, elle fait la part belle aux cadres de la finance, de la production industrielle, aux managers, aux chefs de projets, en couches successives qui vivent de la marge sur les produits industriels importés, couches qui s’accumulent au dessus de ceux qui, en bas, précarisés et mal payés, produisent de leur mains ce cadre de vie matériel sans lequel tous ces gens si importants ne pourrait survivre.

Ce modèle d’une société tertiaire et industrialisée s’applique à tout : alimentation, construction, aménagement, biens matériels, logistique. Tout y est devenu “exploitation” (agricole, des ressources), création de valeur (c’est à dire captation de la richesse produite par le vrai travail des petites mains en bas de l’échelle).
Tout cela pour le bien être de tous ces êtres supérieurs qui n’ont qu’a appuyer sur un bouton pour avoir de la lumière, ouvrir un robinet pour avoir de l’eau potable et chaude, descendre à l’épicerie du coin pour acheter des denrées “bios” à loisir, tirer la chasse pour faire disparaître leurs déchets. Cette société élitiste qui fait vivre un proportion grandissante de non productifs sur le dos de producteurs déconsidérés, précarisés, mal payés, est un mythe qui s’auto reproduit dans ses “Grandes Écoles”.

Extrait d’une conférence sur les ressources à la Maison de l’écologie



Elle est insoutenable car elle repose sur trop d’esclaves : esclaves humains loin des yeux de ces urbains (pas même bourgeois car même les pauvres sont pris dans ce système dévalorisant au travers de la consommation de produits industriels vendus à crédit), et aussi beaucoup d’esclaves énergétiques (une société dopée à l’énergie fossile qui s’épuisera de toutes façon)… Sans parler de l’épuisement des ressources, de l’effondrement de la biodiversité. Bref, insoutenable.

Extrait d’une conférence sur la Cité que nous voulons lors du 3e “Cycle Effondré”.


Je ne vais pas ici redire ce que je dis dans mes cours et dans mes conférences, si cela vous intéresse, je peux développer tous ces sujets IRL ! (In Real Life : dans la vraie vie)


Je reviens à notre point de départ : la construction en terre !

Certains veulent accompagner cette industrialisation, d’autres la contrer (pour les plus motivés), d’autres en sortir en parallèle par le terrain…
Choisir l’un ou l’autre, c’est faire un choix politique fondamental et qui doit être assumé : voulons-nous une Cité où chacune et chacun peut avoir sa place, vivre dignement.

3 – Enfin, je me refuse à nourrir la bête, et je tiens ici à faire part de ma consternation de voir tout ce débat sur ce réseau dit “social” qui est l’aboutissement de cette logique de désincarnation et de l’industrialisation de la pensée, déni de notre habilité à débattre de la fabrique de la Cité, alors que nos structures associatives et professionnelles manquent d’humains : dans leurs réunions de travail, dans les CAs des associations, dans les adhésions aux associations, dans les formations de celles et ceux qui veulent apprendre à refaire avec intelligence et discernement…

Facebook et tous ces outils “gratuits” sont devenus comme “indispensables” : il faudrait y être, il faudrait y débattre… Bref, l’industrie gagne quand on est obligé de passer par elle ! La révolution ne passera pas à la télévision ! La fin justifie-t-elle les moyens ?

Pour ma part, ma position sur ce sujet est simple : On ne fait pas de la permaculture avec des OGMs ! Au moins, venez débattre sur des outils libres !

Rejoignez les associations et les fédérations de pros si vous avez des choses à dire sur le sujet !


* C’est une expression, pas le reflet ici d’une appartenance ou d’une revendication religieuse.

NB : édité le 28/10 pour reformuler un passage qui pouvait créer de la polémique inutile.

habiter demain, quelle cité voulons-nous ?

Conférence de Stéphane Pagano dans le cadre du Cycle effondré-es #3 organisé par le Théâtre du Bruit, conférence le 10 octobre 2020 à la Boulangerie du Prado à Lyon

À l’âge où le nouveau bluff technologique du “smart” connecté, nous apprend que la ville et nos
bâtiments sont bêtes, nos rêves, nos flux, nos modèles économiques sont-ils voués à être gérés de manière “efficace” et économiquement conforme ?

Vol et recel de nos données, et de notre identité, flux de matière et d’énergie relégués loin de nos consciences, tertiarisation d’un “village global”, on nous vend une Cité adaptée à l’industrie du capitalisme autoritaire.

Quelle cité voulons-nous ?

Partenaires : MJC Monplaisir, Le Croiseur, Le Périscope, VIlla Gillet, Aquarium ciné-café, CCO la Rayonne, Cinéma le Zola, bar De l’Autre Côté du Pont, Maison des associations Robert Luc Lyon 4, librairie Esprit Livre, CCC Média
Partenaires annulés pour cause de COVID : Espace Jean Couty Lyon 9, Péniche Fargo (La Turbine), Maison de l’écologie Lyon, MPT Salle des Rancy

une Startup Nation de compét.

Petits chiffres rapides sur l’optimisation et l’évasion fiscale, vite fait, en passant…

Je vais faire un saut sur la page du Fond Monétaire International chercher quelques chiffres pour une prochaine note et je tombe sur cette information :

Alors que les Pays-Bas se sont opposés avec vigueur contre Corona Bonds, le FMI nous apprend que c’est le pays qui a reçu le plus d’investissements étrangers directs en 2018.

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Oui, vous avez bien lu, ce pays de moins de 18 millions d’habitants, a reçu en investissements directs de la part des États suivants plus de 4 700 milliards de dollars en 2018 (devant les États-Unis et… le Luxembourg) :

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Si j’étais un peu ironique, je dirais que c’est sans doute pour son tissus industriel exceptionnel et sa R&D de renommée mondiale… Une Startup Nation de compétition quoi.
Mais en réalité, les parts de l’emploi dans l’agriculture, 2,2 % et dans l’industrie 16,1 % comparée à celle des services, 81,6 %, nous donnent une réponse plus simple : les services financiers, le nirvâna de la « création de valeur » selon la logique intellectuelle de nos dirigeants depuis quelques décennies, celle qui met au dessus de tout les gestionnaire de fonds, les banquiers, les traders et les contrôleurs de gestion, loin, bien loin au dessus des petites mains héros de l’actualité (agriculteurs, infirmiers, caissiers, éboueurs, femmes de ménage etc.). Mais je m’égare…

On remarquera au passage que sur les 5 États qui ont le plus « investis » aux Pays-Bas, 4 sont membres de l’UE, et que ces derniers sont connus pour avoir permis une optimisation fiscale agressive de la part des multinationales.

Si on se fie à la Société Générale, la fiscalité y est très avantageuse :

Imposition des « dividendes: 15% (0% pour les dividendes soumis à la directive de l’UE sur le régime fiscal commun applicable aux sociétés mères et aux filiales d’États membres différents ou payés à une société mère basée dans un pays avec lequel les Pays-Bas ont signé une convention fiscale supprimant cette retenue à la source)
Intérêts: 0%
Redevances: 0% »

Comme le dit Lison Rehbinder, porte-parole de CCFD – Terre solidaire, les Pays-Bas on fait de l’optimisation fiscale une véritable industrie (interview à écouter sur le site France Culture) : « Les Pays-Bas proposent (…) des taux d’imposition tout à fait ridicules, validés ensuite dans des accords fiscaux. En faisant cela, ils favorisent l’accueil sur leur territoire d’entreprises qui n’y ont pas forcément d’activité réelle mais qui échappent à l’impôt dans d’autres pays où ils ont une véritable activité. »

Donc…

Les Allemands et les Pays-Bas ne veulent pas entendre parler des « Corona Bonds », ils ont fait le choix économique d’être les passager clandestins de l’Union Européenne (c’est un terme économique pour parler d’un acteur qui profite indûment d’une position dans un système économique).

Ils ne veulent pas se retrouver « solidaires » des dettes des pays du « club Med » comme ils disent, alors que leur modèle économique ces dernières décennies à été de piller les autres pays européen : évasion fiscale des entreprises et des fortunes aux Pays-Bas (et au Luxembourg), dumping fiscal de l’Irlande et de la Grande Bretagne, dumping social de l’Allemagne grâce à la création d’un hinterland de sous traitance industrielle allemand avec l’entrée à marche forcée des anciens pays de l’Europe de l’est, alors que les membres de Union Européenne ont soutenu la réunification Allemande, notamment en annulant la dette Allemande…

L’Union Européenne est une honte.

Et que va nous annoncer notre banquier manager dirigeant leader chef de l’État Emmanuel Macron alors que notre pays continue de faire naufrage dans les eaux glacées égoïstes de cette Europe ? Un nouveau monde ? Un changement de modèle économique ?

Phase 3 : un naufrage sanitaire

Le 20 mars, Emmanuel Macron agacé par les critiques, a ironisé en « félicitant toutes celles et ceux qui avaient prévu tous les éléments de la crise une fois qu’elle a eu lieu ».

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Finalement, Emmanuel Macron est comme Nicolas Sarkozy : c’est un coq qui ne supporte pas d’être mis en cause, contesté, surtout quand il se prend les pieds dans le tapis parce qu’il regardait ailleurs.


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On se rappelle — et on oubliera pas quand l’alternance sera là — le fameux « qu’ils viennent me chercher » à propos de l’affaire Benalla, une attitude aussi grotesque et prétentieuse que le « descends si t’es un homme » de Nicolas Sarkozy en son temps… Ces saillies et sorties sont dignes d’adolescents pris sur le fait et cherchant à détourner l’attention sur leurs erreurs, mais sont indignes d’un Président, et on se pince à chaque fois qu’on les entends…

Le job, mais sans les risques…

Emmanuel Macron a voulu, et a fait de son accession à la magistrature suprême, l’auto-célébration de sa réussite et de sa supériorité. Il s’avère qu’un nombre sans cesse croissant de Français s’interroge depuis sa prise de fonction, où se trouvent ses fameuses compétences…

À l’heure où la fonction présidentielle est donc une nouvelle fois entachée par des comportements de coq de basse-cours, des centaines de personnes sont dans un état critique dans les hôpitaux.

Ça fait plusieurs jours que ça me démange de faire une note sur ce sujet parce que justement, cette crise, elle a bien été prévue, et depuis longtemps, et les avertissements ont bien été lancés, depuis suffisamment longtemps, pour qu’on reproche à ce gouvernement et à ce président, leur malhonnêteté ou à minima, leur incompétence.

Le gouvernement et Emmanuel Macron pouvaient-ils prévoir cette crise ?

On pourrait trouver, à foison, des articles de presse, des papiers de recherche, des revues spécialisées, des propositions de recherche, qui depuis des années alertent sur la question des risques de pandémies, notamment sur les « coronavirus » et la nécessité de s’y préparer très sérieusement.

Des rapports pour « les décideurs » sans ambiguïté.

Il y a, dans le monde politique, dans le monde de l’entreprise, quelque chose qui s’appelle la « gestion de risque » ou le « management du risque » pour les amateurs d’anglicismes.

Si on est dans le club très sélect des dirigeants de ce monde, comme notre président, il y a le « Rapport Global Risk » produit chaque année par le «  Forum Économique Mondial », et, si on est, seulement, qu’un dirigeant Français, alors, il y a le « Livre Blanc de la Défense et de la Sécurité Nationale », paru en 2008, puis en 2013 (donc bien avant que vous ne soyez président, Monsieur le Président), et qui oui, explique assez précisément les risques et les impacts des pandémies, et comment s’y préparer un tant soit peu.

Et, au regard de quelques éléments qui démontrent l’impréparation de notre Nation :

  • Pénurie de masques,
  • La découverte que des molécules essentielles pour la santé, sont fabriquées à l’autre bout du monde,
  • L’absence de stocks de produits sanitaires aussi basiques que masques, gels hydroalcoolique
  • La mise en place tardive d’un « conseil scientifique »
  • Le flou sur la stratégie face à la crise (confinement, pas confinement)

On est en droit de se faire la remarque que la « Start’up Nation » a peut-être bêtement fait naufrage avant même d’appareiller vers le monde merveilleux de la mondialisation.

Le Président Français prépare la nation au pire :

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Oui, ce monde merveilleux, fait de délocalisation, de chaines de production en flux tendu « juste à temps » ultra fragiles, de prix fixés par la loi du marché donc de l’offre et de la demande, et surtout, de réalités bien moins sexy que les cours de bourse de la dernière start’up : les excrétas chargés de virus, de malades que seuls des vrais professionnels, pas des communicants, peuvent soigner…

Tous les gens un peu sérieux ont lu le « Livre Blanc de la Sécurité Nationale » de 2008, qu’en est-il d’Emmanuel Macron ?

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Le Livre Blanc de la Défense et de la Sécurité Nationale de 2008

On y lit : « L’interdépendance accrue des marchés et des économies mondiales tempère les risques de confrontation aiguë entre États. On observe, lors d’accidents majeurs d’ordre climatique ou sanitaire, comme à l’occasion du tsunami du 26 décembre 2004, de l’épidémie du SRAS en 2002-2003, ou cette année en Birmanie et en Chine, une capacité croissante de mobilisation et de coopération internationales. La conscience d’une responsabilité commune face à des risques planétaires progresse, même si l’adoption de solutions globales demeure difficile à obtenir. » ça commence plutôt bien mais…

Dans le chapitre intitulé « LES NOUVEAUX RISQUES NATURELS ET SANITAIRES » il est rappelé que :

« Les désorganisations sociales majeures que peuvent provoquer les nouveaux types d’épidémies ou les accidents climatiques violents font partie des risques d’ampleur nouvelle qui pèsent sur la collectivité nationale. »

Dans la troisième partie du Livre Blanc de la Sécurité Nationale de 2008, intitulée « UNE NOUVELLE STRATÉGIE POUR L’ACTION », il y a même un chapitre dédié aux Pandémies (P. 164) : « Pandémie massive à forte létalité »


Dans cette partie, les auteurs préviennent donc, dès 2008, que « sur les quinze années à venir, l’apparition d’une pandémie est plausible » et donnent une série d’indications tant sur la prévention, que la préparation et les actions à mener en cas de pandémie:

« le premier volet de la stratégie porte sur la connaissance et l’anticipation et simultanément sur la prévention. Il comporte l’orientation du système de veille et d’alerte sanitaires, un effort continu de recherche, de développement et de production de produits de traitement, la planification de la vie nationale en situation de pandémie, la sensibilisation précoce de la population, la formation des intervenants et leur entraînement par des exercices, la constitution de stocks nationaux correspondant aux principaux risques sanitaires, enfin une contribution à l’action des agences internationales compétentes. (…) Cette organisation mobilisera tout le personnel soignant compétent ainsi que les infrastructures hospitalières. »

  • Concernant l’effort continu de recherche et développement, on appréciera donc particulièrement les propos du chercheur qui travaillait sur les Coronavirus, Bruno Canard, qui travaille avec son équipe depuis 2004 : « En délaissant la recherche fondamentale, on a perdu beaucoup de temps ».
  • Concernant la constitution de stocks nationaux, là encore, on appréciera le caractère inédit des pénuries organisées par les gouvernements sous François Hollande, Emmanuel Macron : « En 2013, il a été décidé que le milliard de stock d’Etat n’était plus indispensable, tant les productions mondiales de masques étaient désormais intenses, notamment en Asie”, regrette le ministre Olivier Véran à l’Assemblée. »
  • Sur la question de la contribution à l’action des agences internationales, on s’intéressera en particulier à la question du financement de l’OMS, de plus en plus tributaire et donc sous le guidage bienveillant des lobbyistes et de fondations comme celle de Bill et Melinda Gates : « Comment rester indépendant quand on est financé en majorité par des dons privés ? »

Que sont devenus les constats de 2008 et quelles mesures ont été prises ?

 

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Tous les gens un peu sérieux ont lu le « Livre Blanc de la Sécurité Nationale » de 2013, qu’en est-il d’Emmanuel Macron ?

En 2013, le nouveau « Livre Blanc, Défense et Sécurité Nationale » revient sur la question de la pandémie, mais avec une tournure particulière, il est en effet expliqué que c’est la « faiblesse d’un état qui est un risque » : « Que des États se révèlent incapables d’exercer leurs responsabilités régaliennes (…). Une épidémie peut devenir pandémie si elle n’est pas enrayée dès l’origine. »

Dans son introduction du Livre Blanc de 2013, François Hollande y écrit : « Dans le même temps, les menaces identifiées en 2008 – terrorisme, cybermenace, prolifération nucléaire, pandémies… – se sont amplifiées. La nécessité d’une coordination internationale pour y répondre efficacement s’impose chaque jour davantage. »

Les analystes y écrivent ensuite que si le Livre blanc de 2008 identifiait déjà les problèmes, la suite des événements avait validé cette analyse du risque:

« Les événements intervenus depuis lors sont venus confirmer la réalité de ces risques. Plusieurs évènements ont illustré la vulnérabilité de nos sociétés aux risques naturels : en 2009, l’épidémie de grippe A/H1N1 (…) ».

Et les auteurs de préciser que « la circulation des personnes et des marchandises, la concentration de populations dans des mégalopoles et la défaillance des systèmes de santé dans certaines zones favorisent la survenue de crises majeures. Le risque existe notamment d’une nouvelle pandémie hautement pathogène et à forte létalité résultant, par exemple, de l’émergence d’un nouveau virus franchissant la barrière des espèces ou d’un virus échappé d’un laboratoire de confinement. »

Et bien sûr là encore il est bien précisé les impacts potentiels de ce type de crise : « Dépendantes d’infrastructures vitales complexes, fonctionnant à flux tendus, en contact quotidien avec le monde entier, nos sociétés peuvent être rapidement et profondément perturbées par des événements qui ne frappent initialement qu’une fraction de la population. Une désorganisation au départ limitée peut rapidement se propager et être amplifiée au point de constituer une menace affectant la sécurité nationale. »

À ce stade, on pourrait se dire que le Livre Blanc est un élément d’analyse stratégique qui n’intéresse pas les hommes et les femmes politiques qui, dans leur grande majorité, n’ont aujourd’hui plus aucune vision à long terme des enjeux pour la Nation.

Trop préoccupés par leur propre devenir politique, leurs places dans les arcanes du pouvoir et leurs aller-retour dans des grandes entreprises, ils sont trop impliqués avec les réseaux économiques pour avoir une vision à long terme.

Mais même dans le monde « économique » il y a aussi des études « sérieuses » et de référence, sur le sujet.

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Tous les gens un peu sérieux ont lu le « Rapport Global Risk » du Forum Economique Mondial, qu’en est-il d’Emmanuel Macron ?

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Je ne m’attarderai pas sur l’ironie de cette série de rapports puisque les questions d’effondrement, de réchauffement climatique, des mesures à prendre pour améliorer la résilience de nos sociétés, sur les questions environnementales, tout est bien documenté avec des références scientifiques dont visiblement, nos gouvernants n’ont que faire.

Je ne m’attarderai pas non plus sur le cynisme de ces rapports en terme d’analyse des problèmes mondiaux et des solutions qu’ils proposent puisque, années après années, la solution aux problèmes relevés, est souvent davantage de libéralisme.

Mais on sera content d’apprendre que nos dirigeants actuels ont bien participé aux rencontres du Forum Économique Mondial et certains membres de nos gouvernements ont bien lu ces rapports puisqu’ils appliquent certaines recommandations — et pas d’autres vous l’aurez compris — comme par exemple celles que l’on trouve dans la version 2017 :

« Nouveaux systèmes de protection sociale: une approche globale :
(…) Les systèmes devront offrir une flexibilité suffisante pour aider les individus à suivre des parcours de vie et des carrières sensiblement différents tout en maintenant une certaine équité entre les groupes (on dirait du Macron, non ?) et en renforçant la résilience individuelle :
1. Dissocier la santé et la protection du revenu des employeurs ou des emplois individuels
2. Refonte des modèles de retraite en fonction des nouvelles réalités du travail et du vieillissement (on dirait du Macron, non ?)
3. Mettre en œuvre des politiques pour accroître la «flexicurité» (on dirait du Sarkozy, non ?)
4. Mise en œuvre de modèles alternatifs de distribution des revenus »

On voit donc par là que ces rapports sont produits par de dangereux gauchistes très éloignés des idées défendues par nos récents gouvernants.

La version 2013 du rapport, toutefois, est très intéressante pour qui s’intéresse aux risques posés par la mondialisation :

Une partie de ce rapport insiste notamment sur la prédiction de ce qui n’est pas prévisible — une tâche pour les personnes qui sont censées diriger un pays par exemple. Cette section sur les facteurs X donc à considérer les préoccupations émergentes qui ne sont pas encore « sur le radar des décideurs ».

«  Si les 50 risques mondiaux représentent des connus, donc connus, ces facteurs X pourraient alors être considérés comme des inconnues connues. Ils ont été élaborés conjointement avec les rédacteurs de Nature (excusez du peu) et bénéficient de la connaissance approfondie de leurs contributeurs en matière de recherche scientifique de pointe qui n’a pas encore atteint le discours dominant. » et donc qui doivent de manière urgent rentrer sur les radars des dirigeants.

Ce rapport met en demeure les « futurs décideurs » de renforcer la résilience des États face aux risques mondiaux, avec comme objectif d’élaborer une stratégie continue de mesure et d’action pour « renforcer la résilience nationale et identifier les domaines où de nouveaux investissements sont nécessaires ».

Deux parties sont donc particulièrement intéressantes parce qu’étant très directes :

D’une part, un chapitre intitulé « Les dangers de l’ubris sur la santé humaine», qui traite plutôt des risques bactériens et de la menace existentielle posée par les bactéries résistantes aux antibiotiques, plutôt que des risques viraux, mais qui reste tout à fait pertinent sur les questions sanitaires;

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Et d’autre part, toute une section intitulée « Rapport spécial : Renforcer la résilience nationale face aux risques mondiaux ».

Cette partie du rapport propose des outils d’analyse, en particulier autour de la question de la « résilience » et de la nécessité de mettre en place des politiques systémiques pour se préparer à de futurs chocs.
Le rapport présente cinq composantes de la résilience : robustesse, redondance, ingéniosité, réponse et reprise – qui peuvent être appliquées à cinq sous-systèmes nationaux : économique, environnemental, gouvernance, infrastructure et social.

Un autre insert spécial concerne les « Risques dans la Chaine d’approvisionnement » puisque les chaines d’approvisionnement sont mondiales, interconnectées et à flux tendus.

Encore une fois, les évaluations qui sont faites concernant les pays comme la France montrent une sur-représentation de risques tels que les « Conséquences négatives imprévues de nouvelles réglementations », mais ce rapport averti toutefois sur ces « flambées depuis 2000 décrites comme une successions de quasi-catastrophes »

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À nouveau, dans la version 2019 du Rapport Global Risk, on lisait :

« Going Viral, The transformation of Biological Risks »


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Celui-ci commence par pointer du doigt « l’impréparation de nos sociétés aux risques biologiques, même les plus modestes ».

Le rapport revient sur les épidémies successives « Ebola, MERS, SARS, Zika, fièvre jaune etc. » :

Comme le rappelle très bien le professeur Philippe Sansonetti dans sa conférence au Collège de France « Covid-19, chronique d’une émergence annoncée », MERS et SARS sont des coronavirus…

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Going Viral :

« La fréquence des flambées épidémiques augmente régulièrement. Entre 1980 et 2013, 12 012 foyers ont été enregistrés, comprenant 44 millions de cas individuels et affectant tous les pays du monde. Chaque mois, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) détecte 7 000 nouveaux signaux d’épidémies potentielles, générant 300 suivis, 30 enquêtes, et 10 évaluations complètes des risques. En juin 2018, il y a eu – pour la toute première fois – des flambées de six des huit catégories de maladies figurant sur la liste des «maladies prioritaires» de l’OMS. S’ils s’étaient répandus à grande échelle, ils auraient pu tuer des milliers de personnes et créer des perturbations mondiales majeures. »

Et de continuer en pointant du doigt la mondialisation et l’anthropocène :

« Premièrement, l’augmentation des niveaux de voyage, de commerce et de connectivité signifie qu’une épidémie peut se déplacer d’un village éloigné vers des villes du monde entier en moins de 36 heures.
Deuxièmement, la vie à haute densité, souvent dans des conditions non hygiéniques, il est plus facile pour les maladies infectieuses de se propager dans les villes – et 55% de la population mondiale vit aujourd’hui dans les zones urbaines, une proportion qui devrait atteindre 68% d’ici 2050.
Troisièmement, l’augmentation de la déforestation est problématique: la perte de couvert forestier a augmenté régulièrement au cours des deux dernières décennies et est liée à 31% des flambées telles que le virus Ebola, Zika et Nipah.
Quatrièmement, l’OMS a souligné le potentiel de le changement climatique pour modifier et accélérer les modes de transmission des maladies infectieuses telles que le Zika, le paludisme et la dengue.

Enfin, le déplacement humain est un facteur critique à cet égard. Que ce soit en raison de la pauvreté, des conflits, des persécutions ou des urgences, le déplacement de grands groupes vers de nouveaux endroits – souvent dans de mauvaises conditions – augmente la vulnérabilité des populations déplacées aux menaces biologiques. Parmi les réfugiés, la rougeole, le paludisme, les maladies diarrhéiques et les infections respiratoires aiguës représentent ensemble entre 60 et 80% des décès pour lesquels une cause
est signalé. »

Bref, là aussi donc, on voit que tout ce qui se produit aujourd’hui devrait donc être loin d’être une surprise pour l’ensemble des dirigeants de la planète, qu’ils soient politiques ou économiques !


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En conclusion de cette partie, les auteurs du rapport insistent sur le fait que les dégâts « limités » des crises successives qui n’ont alors pas dégénérés en pandémies ont fini par endormir la vigilance des institutions et des États.
L’OMS allant jusqu’à parler d’une forme de « complaisance » et à donc introduit en 2015 un liste de « maladies prioritaires » dont en 2018, une « maladie X » pour attirer l’attention des chercheurs sur les risques liées à des maladies perçue comme non susceptibles d’être transmis à l’homme mais qui pourraient le devenir. L’OMS et le rapport pointent enfin du doigt que le budget 2017-2021 de la « Coalition for Epidemic Preparedness Innovations (CEPI) » mise en place en 2017 pour coordonner et financer le développement de vaccin n’est que de 1 milliard de dollar ! »

Les risques de pandémies et leurs conséquences économiques et sociales sont donc des sujets relativement anciens mais très bien documentés et sur lesquels la communauté scientifique alerte de manière répétée et avec constance. Comme pour le réchauffement climatique, les dirigeants ne veulent pas mettre cela sur leurs radars car cela va à l’encontre de leurs projets de libéralisation.

En effet, les solutions pour se préparer à ces risques et renforcer la résilience de nos sociétés passent par reprendre le contrôle sur les chaines de valeurs mondialisée, relocaliser nos économies, investir dans les infrastructures sanitaires et leurs personnels… Au risque tôt ou tard, à défaut, d’être confronté de manière impuissante à une catastrophe pourtant annoncée.

Gouverner c’est prévoir.

Il y a quelques années j’ai renforcé dans mes cours sur le « management du Développement Durable et de la RSE », la question de la gestion du risque. Je m’étais particulièrement ému de l’impréparation des Japonais en 2011 face à ce que l’on a appelé « l’accident de Fukushima » qui n’est pas réellement un accident, mais le résultat de l’enchainement d’incuries et la négation de tout ce qui fonde une gestion raisonnée du risque.

En effet, à l’époque là aussi, nous avons tous vu sur nos écrans, incrédules, se dérouler un drame pourtant bien prévisible :

Nous avons vu une centrale nucléaire construite dans un pays connu pour ses risques sismiques, être construite elle-même sur une faille sismique, et en bord de mer, dont « on a pas prévu » qu’un tsunami de plus de 8 mètres puissent se produire, alors qu’historiquement, les preuves de tsunamis de plusieurs dizaines de mètres se retrouvent partout dans les campagnes japonaises…

Dans un pays que l’on pensait être une puissance technologique rigoureuse et ultra organisée, nous avons vus des réacteurs nucléaires fondre, des enceintes de confinements et des hangars exploser, et des pompiers non préparés, véritablement improviser, bricoler des lances à incendies pour essayer d’arroser de loin des piscines remplies de combustible. L’ensemble des acteurs, gouvernement, services de sécurité et entreprises concernées, impuissants à gérer la crise… Des millions de tonnes d’eau contaminées finiront donc dans l’océan…

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La gestion de risque ne consiste pas à évaluer les possibilités d’occurrence des événements, mais bien d’évaluer la gravité des occurrences qui viendront tôt ou tard, et les réponses que l’on doit y apporter lorsque ces événements se produisent.

Comme le faisait remarquer Emile de Girardin : Gouverner c’est prévoir.

En Janvier 2019, encore lui, le Forum Economique Mondial publiait un…
Livre Blanc sur les risques pandémiques :

« Outbreak Readiness and Business Impact, Protecting Lives and Livelihoods across the Global Economy » :

On y lit :
« Le monde est mal préparé pour détecter et enrayer les épidémies
Bien que des progrès significatifs aient été accomplis depuis la réponse à Ebola en Afrique de l’Ouest entre 2014 et 2016, les experts s’accordent généralement à dire que le monde reste mal préparé pour détecter et répondre aux flambées et n’est pas prêt à répondre à une menace pandémique importante. »

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Que pouvait donc faire Agnes Buzyn ?
Avec Emmanuel Macron au pouvoir, rien !


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On a sans doute raison de fustiger — voire de poursuivre en justice — ce gouvernement et notamment notre ancienne ministre de la Santé, partie en pleine crise en campagne pour la Mairie de Paris. Il s’agit bien évidemment là aussi d’une preuve de plus de l’incurie de la macronie, comme celle de ses prédécesseurs, plus préoccupés par renvoyer l’ascenseur à ceux qui financent leur campagne et à travailler pour s’assurer une place durable dans l’arène politique, que de faire le nécessaire pour préserver l’intérêt général, mais franchement, que pouvait-elle faire ? Rien.

Quand la crise à commencé en Chine, il était déjà trop tard puisque tout ce dont nous avions besoin n’était non seulement pas prêt, mais n’avait même pas été envisagé.

Pour comprendre la façon dont Emmanuel Macron et son gouvernement se préparent sur les questions des crises sanitaires, pourtant annoncées, on relira la tribune de décembre 2019 dans le JDD, où 660 médecins hospitaliers se disent « prêt à la démission », et qui finira par la démission de plus de 1000 chefs de service en janvier 2020 « pour sauver l’hôpital Public », actions elles-mêmes précédée d’une longue grève des urgences depuis l’été 2019

E6DSIK6OP5W5YYLOWLEPCSPUHE-2020-03-23-13-16.jpgSoignants en grève et en souffrance, les urgentistes (ici à l’hôpital Necker) sont à bout. LP/Louise Méresse

« L’hôpital public se meurt, faute de moyens à même d’assurer la qualité des soins et de garantir la sécurité des patients. Les médecins hospitaliers ont eu beau sonner l’alarme, la rigueur est devenue austérité, puis l’austérité, pénurie. »

Certes, ce n’est pas ce gouvernement qui a commencé les purges puisque cela fait longtemps que la santé des Français coute trop cher pour nos gouvernements respectifs :
« En pleine épidémie de grippe, cela ferait désordre. En visite aux urgences de l’hôpital La Pitié Salpêtrière à Paris vendredi 27 février, Manuel Valls et Marisol Touraine se sont auto-congratulés d’avoir réagi “avec détermination” et “au bon moment” face au pic de la maladie. En revanche, le Premier ministre et la ministre de la Santé n’ont pas dit mot sur les économies prévues dans les budgets des hôpitaux d’ici à 2017. »

« (…) le nombre d’administratifs travaillant dans le domaine des soins a augmenté de 3 200 % et le nombre de médecins de 150 %. »
Extrait de l’Interview de Stéphane Velut sur la régression managériale et comptable de la santé sur Usbek & Rica.

Rien, absolument rien n’a été fait au cours des 20 dernières années en France pour faire face à une pandémie pourtant annoncée, d’où la posture aujourd’hui du Président Emmanuel Macron de dire « quoi qu’il en coûte ».
Tout d’un coup, réalisant la gravité de la situation et la hauteur de l’impréparation, il ne lui reste plus qu’à sortir le chéquier, en espérant nous faire oublier la vrai raison de la catastrophe.

On peut même s’étonner que dans La « REVUE STRATÉGIQUE DE DÉFENSE ET DE SÉCURITÉ NATIONALE » de 2017, préfacée par le Président de République, le risque sanitaire ne soit plus évoqué que dans deux maigres paragraphes…

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Dans les deux précédents Livres Blancs de la Défense et de la Sécurité Nationale, les Présidents de l’époque n’avaient pas jugés nécessaire de mettre leur trombine en guise d’introduction…
Ceci explique peut-être cela… Ubris ?

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Il est encore trop tôt pour faire le bilan, mais quel que soit le nombre de morts et le nombre de milliards qu’il va falloir « sortir » pour faire face, on a déjà les éléments pour constater la vacance du pouvoir et la nécessité urgente de mettre en place un gouvernement « pour le peuple, et par le peuple ».

Il n’est pas étonnant que de plus en plus de Français pensent « tribunal populaire ». Comment leur en vouloir ?
Aux armes, ou aux urnes, citoyens ?

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Je vous invite à voir, ou revoir « Hôpital public, la loi du marché », 2017, d’Envoyé Spécial de France 2, où la question du management et des méthodes de gestion sont clairement décrites.

pois.s.ons lourds

C’est la période “des fêtes”, tout le monde se rue sur le poisson, et comme on préfère les poissons carnivores, les industriels ont pensé à tout.

Petite piqure de rappel pour celles et ceux qui prévoient du saumon au menu. Ça ne vaut pas que pour le saumon, d’ailleurs. Savez-vous qu’en Allemagne, dans certains landers, on recommande aux femmes de jeter leur colostrum plutôt que de le donner à leur bébé pour cause de concentration trop élevées en PCB, dioxine, pesticides et autres métaux lourds ?

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