Grosse fatigue…

Alors voilà, je me bats comme je peux, en fait beaucoup, en « républicain laïque », pour défendre les services publics face à la profonde manipulation dont mes compatriotes sont les consentantes et bêlantes victimes. Je démontre chaque fois que possible l’importance de l’impôt, la fumisterie des néolibéraux et des conservateurs, en passe de gagner une guerre de propagande entamée dans les années soixante-dix etc.

J’essaye aussi de me battre pour faire comprendre à des syndicats largués que non, tous les « patrons » ne sont pas des « salauds et des exploiteurs* », et que c’est ensemble que nous devons remettre à plat les choses pour ne pas nous laisser bouffer par l’OMC et la Commission européenne… Mais bon.

Enfin bref, pourquoi « grosse fatigue » ?

Et bien il se trouve que, comme je suis un « salaud d’entrepreneur/patron », qui ne doit surtout pas se retrouver en déficit face aux inéluctables charges qui pèsent sur son activité (que je paye avec joie et même fierté pour contribuer à la chose publique) ; je bosse beaucoup, et nuitamment en plus avec à peine 5 heures de sommeil par nuit ces derniers temps (environ un mois). Du coup, et bien c’est vrai, j’ai un peu oublié la paperasse, et mon comptable aussi.

Alors quand ça fait un mois que je me couche toutes les nuits entre 2 et 3 heures du matin (avec levé tôt, mais ai-je besoin de le préciser ?), et que rentrant d’accompagner les enfants à l’école, je bois mon premier café en me mettant immédiatement à mon travail, mon téléphone sonne et je me fais sermonner sur un ton très hautain, comme à un attardé, par une « responsable de la TVA » parce que « ce n’est pas bien il manque les déclarations pour les mois de X et de Y et que ça commence mal (je viens de changer de département) et que je vais vous taxer d’office vous allez voir »…

J’essaye de rassembler mes pensées épuisées, je respire un grand coup, et je me dis que moi ça va, j’ai des convictions, mais elle scie sur la branche sur laquelle elle est assise la petite dame. Et c’est moi qui gueule en bas pour lui dire d’arrêter de scier.

Et je suis sûr que ça, ça lui échappe complètement. Elle ne me facilite vraiment pas la tâche !

* Et vis-à-vis de ce point-là, je crois que l’effet de serre aura cramé la planète avant que Thibault, Laguiller et Besancenot, et les autres « copains », n’aient débloqué leurs neurones. Et que les « cocos-trotskistes » ne viennent pas me casser les pieds : tout patron que je suis, il m’arrive de voter parfois (aussi) pour leurs représentants, avec joie ! Donc, en tant que « sympathisant », j’ai d’autant plus le droit de les critiquer sur leurs incommensurables tares.