Le site où il ne ferait pas bon se trouver

Les modestes notions d’anglais dont je dispose me laissent à penser que le sens du nom « note2be » point com signifie à peu près avec un petit jeu de mot :

Note2be.com : le site où il ne ferait pas bon se trouver

Et à y voir le contenu, on se dit que oui, vraiment, Stéphane Cola (qui d’après une simple requête Whois chez Gandi.net, est le propriétaire de ce site) doit avoir beaucoup de frustration et de rancœur à l’égard du corps enseignant. Est-ce dû à un ou plusieurs échecs scolaires ? Est-ce, comme cela semble être la tendance poujadiste actuelle, un nouveau ballon d’essai pour tester la réactivité de la société civile face aux propositions de plus en plus clientéliste d’une droite en fin de décomposition morale ?

Vous savez quoi ? Je pense juste que c’est qu’un pov’type qui cherche à se faire mousser pendant la campagne électorale, en prenant soin de se donner une image de marketeur politique qui n’aurait pas froid aux yeux, histoire d’élargir son portefeuille de clients côté UMP.

Je veux bien en discuter ici avec lui si je me trompe.

Contrairement à ce qu’écrit en toute fausse neutralité Le Monde, on ne peut pas aller « Au-delà de la méthode contestée », car non, ce site ne « soulève [PAS] la question de l’évaluation des enseignements par les élèves », il sert juste de défouloir aux branleurs qui n’ont rien d’autre à faire à l’école que de traiter les bons élèves de « lèches » et les profs de privilégiés. L’opportunisme dont on ne sait plus s’il est commercial ou politique est vraiment un signe fort qui devrait faire s’interroger les membres de l’UMP sur leurs « valeurs morales », mais bon, on n’y croit plus à force.

Si vous êtes concerné, vous pouvez lui dire ce que vous en pensez directement en allant là (et en entrant le nom « note2be.com » dans le champ de recherche) pour notamment lui rappeler qu’il s’expose tout simplement à des poursuites en diffamation, selon la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse : « l’allégation ou l’imputation d’un fait précis qui porte atteinte à l’honneur ou à la considération de la personne ou du corps auquel il est imputé »…

Je ne suis pas juriste, mais il paraît aisé de démontrer en effet que l’infraction est constituée, car elle réunit les trois éléments qui sont pris en considération dans ce genre d’affaires : l’élément matériel, l’élément moral et l’absence des faits justificatifs ou d’immunités.

• L’élément matériel :

L’allégation selon laquelle un professeur serait incompétent (la notation, qui est un élément précis) en s’appuyant sur des faits non précis : Simple évaluation subjective par des élèves dont on ne peut vérifier sur quelles bases ni compétences reconnues ils ont émis leur évaluation pour noter l’intérêt, la clarté, la disponibilité, l’équité, le fait d’être respecté et motivé (on croit rêver…), est de nature à porter atteinte à l’honneur ou à la considération des professeurs.

• L’élément moral :

La question ici est : y a-t-il intention de nuire ?

Si vous êtes titulaire d’un DEA de droit public, vous ne pouvez pas vous cacher derrière votre petit doigt en plaidant l’innocence, le bon sens (les élèves son notés par les profs, les profs pourraient aussi être notés par les élèves…), ou la volonté d’ouvrir un débat, ces arguments ne tiennent pas (cf ci-dessus), surtout qu’en tant que personne qualifiée ou compétente, et sachant que vous alliez divulguer des noms de personnes en remettant en cause leurs compétences, vous risquiez de porter atteinte à leur honneur ou à leur considération… Vous avez quand même persévéré dans ce « risque ».

De plus, le nom du site laisse peu de doute sur l’objectif visé par le site : « Il ne faut pas y être » 

L’intention de nuire semble donc bien constituée.

• L’absence de faits justificatifs et d’immunités :

D’une part : Encore une fois, je me reporte à l’élément matériel.

D’autre part : La diffamation n’est pas punissable en cas de vérité des faits (exception de vérité, sauf dans le cas de la vie privée) ou d’immunité.

Les faits sont récents, il n’y a ni amnistie ni prescription, les profs étant notamment encore en fonction.

Bon, j’espère que les enseignants concernés seront nombreux à porter plainte…

En tout cas, c’est minable comme d’habitude, mais on n’arrive pas à s’y habituer à leur morale décomplexée…