Discours de campagne

Le 20 mars, un ami américain apparemment très ému m’invite à écouter le discours de Barack Obama « A More Perfect Union » tenu je crois, le 18 mars à Philadelphie.

Malgré le petit échange que j’ai eu avec Philippe sur le sujet, ma position n’a pas changé : Barack Obama est le fruit d’un système, et s’il croit ce qu’il dit et souhaite vraiment le mettre en œuvre, son accession à la Maison Blanche provoquerait un séisme politique sans précédent dans l’histoire des états unis. Mais l’omniprésence de dieu, la certitude que seuls les États-Unis sont un vrai pays démocratique où tout est possible (merci pour nous), et la réutilisation du mythe des pères fondateurs me font plus que douter du devenir et des fondamentaux de cette entreprise.

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Mais pour le moment, au-delà du scepticisme qui m’habite, je me sens obligé de saluer et de savourer la qualité de l’orateur et surtout sa capacité à mettre des mots sur les attentes d’un peuple et des communautés qui le composent, à vouloir passer à l’étape suivante de son histoire.

Sur la nécessité de se regarder en face et d’assumer sa propre histoire, et en particulier ses périodes les plus sombres, sur l’ampleur des défis sociaux, économiques et environnementaux, auxquels ils indispensable de s’atteler immédiatement, sur la nécessité de retrouver un véritable fonctionnement démocratique débarrassée des lobbies… Sur tous ces points, l’amplitude et la force des positions de Barack Obama sont sans équivalents et offrent un espoir immense.

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Et pour un français qui écoute atterré les discours de son président, l’amertume est au moindre tournant de chapitre : Les discours messianiques et grotesques, dignes d’un bonimenteur à gourmette/rolex dorée mais indigne d’un président n’en sont que plus pitoyables.

Souvenons nous que notre bouffon en costard qui s’est senti obligé d’aller sermonner la planète à l’ONU, en disant qu’il fallait la sauver, ne s’est pas privé de nous dire que nous étions des feignants, que les enfants de nos colonies étaient malvenus chez nous, que les Africains n’étaient que des paresseux sans Histoire, et que malgré les grands engagements de façade, l’environnement n’est finalement qu’un sujet d’activité d’éveil.

J’aimerais qu’il l’entende, ce discours. Malheureusement, je doute même que ce président ne soit ne serait-ce que capable de l’écouter en version originale : « Sarko l’Américain » n’est pas capable de commander ses hamburgers dans un fast food sans traducteur assermenté… À défaut d’y puiser des convictions, Sarkozy, et ne parlons pas de sa plume infâme, y trouverait au moins une leçon, un modèle de stature et de réalisme qui nous manque tellement.

Nous attendons encore celui ou celle qui s’adressera à nous comme à des citoyens, et qui regardera notre passé en face, nos colonisations et décolonisations, nos relations tumultueuses avec le Maghreb et en particulier l’Algérie, qui se débarrassera des camps et des partisans, et qui lancera les investissements nécessaires pour faire face aux enjeux énergétiques, environnementaux, éducatifs, de recherche, culturels et sociaux…

Vu le paysage politique français, on va attendre longtemps…