Les justes… et notre probable président ?

Culte de la personnalité
Apologie de la violence
Approbation de valeurs racistes
Soutien à la justice personnelle armée
Protection des puissants
Impunité des violences policières
Remise en cause de l’égalité
Ferveur « populaire » organisée…

En cas de victoire de cet homme, quel sera le comportement de certaines franges des forces de l’ordre contre les hommes et les femmes de ce pays qui sont en résistance non violente contre le non-respect des humains et de la nature.

En cas de victoire d’un de cet homme, qui protégera ceux qui défendent des valeurs d’égalité, d’humanisme et de justice sociale contre les violences alors qu’ils sont dans un environnement hostile, violent et armé.

Quand on vit dans le monde rural, la France que certains appellent avec mépris la « France profonde », on baigne dans un univers ou les opinions « contenues » par la loi se libèrent, se lâchent parfois pour révéler leurs vraies valeurs. Dans ces moments-là, autour d’un café dans la cuisine de la ferme, ou après le pastis ou la marquisette dans un bar ou au loto, les juifs, les francs maçons, les bougnoules et les nègres sont vite au cœur de discussions. On entend qu’il y en a trop, que les jeunes chevelus sont des graines de voyous, que le monde se divise entre ceux qui travaillent et les autres (les communistes, pédés, écolos, gauchistes, et autres branleurs à qui il faudrait bien remettre les idées « en place »).

Dans nos campagnes, de nombreux hommes sont armés et taquinent facilement la bouteille. Ici, on sait qui est qui : ceux qui défendent le social et les gens de couleurs ou différents se comptent sur les doigts des mains.

Si nous nous faisons traiter d’Indiens ici, ou de tchétchènes là, nous avons toutes les raisons de nous inquiéter du sentiment d’impunité que pourraient ressentir de nombreux hommes armés si ceux qui portent leurs « valeurs » se retrouvaient au pouvoir. L’engagement de ce peuple-là pour cet homme ne laisse d’ailleurs aucun doute sur leurs espérances…

La question sous-tendue par l’hommage de la république aux justes reste : que se passerait-il aujourd’hui en pareille situation ?

Si demain il y avait une chasse à une ethnie ou à un groupe religieux en France, on sait bien ici qu’ils auraient du mal à se mettre à l’abri, à se cacher.

Quand un candidat à la présidentielle va flatter cet électorat dans le monde rural, en incarnant les mêmes valeurs que celles du Front National mais sous un verni plus « respectable » on a tout lieu de s’inquiéter.

Il faut savoir qu’ici tout se mélange : il est difficile d’assister aux conseils municipaux (il ne faut pas se mêler de ce qui ne nous regarde pas), les communes soutiennent financièrement des écoles privées catholiques avec de l’argent public (avec la complicité du préfet) tandis que le curé fait des sermons en parlant d’école du diable pour l’école publique… Il ne faut pas regarder les ambiguïtés entre les activités professionnelles de certains élus et les marchés publics, il ne faut pas questionner le mode de fonctionnement de collectivités qui sont incroyablement soumises à l’entrisme, aux copinages, y compris en matière d’emplois…

Loin de moi l’idée de nous comparer aux justes ! Non, pour ma part, je ne sais pas si j’aurais le courage de ces hommes et de ces femmes. Par contre…

Mais en tant que membre d’une communauté minoritaire (qui défend les services publics, l’école laïque, le refus du racisme, des inégalités et de la violence, qui demande de transparence dans les institutions publiques locales etc.) dans un environnement hostile, qui ne ferme pas sa gueule, j’ai toutes les raisons de m’inquiéter de ma survie, au sens propre du terme, pour moi et ma famille.

Ce ne sont pas les gendarmes d’ici qui me protégeront si un groupe d’énervés décidait de venir m’expliquer comment les choses fonctionnent localement puisque dès leur arrivée ici, ils sont pris en main et intégrés au système pour que tout reste dans l’ordre… des choses.

S’il nous arrivait quelque chose (pression, violences, « accidents »…) nous ne pourrions compter que sur nous-même.

Drôle de conception républicaine…