Le cauchemar continu (e)

Souvenir du Cameroun…

C’était mon « nounours ». Il adorait me faire rigoler et me faire des chatouilles… On allait parfois passer le dimanche chez lui…

Un bon copain à mes parents. Je l’avais choisi être mon parrain, et celle qui me faisait des tartes tatins pour dessert (la femme du DG de la BICIC, pour être ma marraine « en or » (elle aimait bien les bijoux). À sept ans, j’ai voulu être baptisé, à Mvolié, par le père Veseval…

27 ans plus tard, je suis là à ressasser mes malaises, mes cauchemars, mon dégoût, le goût amer que me laissent une enfance et une adolescence privilégiées au milieu de la misère dont mes proches étaient les instruments. Je suis avide de lumière et je ne veux plus qu’une chose que le cauchemar africain s’arrête…

Depuis l’adolescence cette horreur me tourmente.

Je lis dans les dossiers noirs n° 14, « Le silence de la forêt, réseaux, mafias et filières bois au Cameroun » :

« Pris à part, Robert Coron est un vrai nounours. Forestier bourru et figure éminente de la communauté française expatriée de Yaoundé, membre influent du tout-puissant Groupement Interpatronal du Cameroun (GICAM) et parmi les critiques les plus féroces des détracteurs de l’industrie forestière.

[…] Aucune de ses propriétés n’est à plus d’une heure de conduite du port, et le salaire de base à la scierie n’excède pas 123 FCFA de l’heure.

[…] Les Français sont présents dans tous les réseaux et dans tous les rackets du pays. Mais si Rougier, Thanry, Bolloré, Pallisco et Coron sont aussi aptes que leurs connexions françaises à prendre des libertés graveleuses avec la loi, leur énorme machine de relations publiques — le gouvernement français — réussit généralement à garder les yeux braqués sur les énormités des Malaysiens, des Libanais ou des rusés Anglo-Saxons. »

C’est à hurler comme on peut être innocent au milieu de rapaces