Lorsque je rédigeais les statuts de la SCIC que nous voulions alors créer en 2007, je le faisais en inscrivant noir sur blanc le fil de ce en quoi je crois, ce qui fait sens dans ma vie. Les nombreux débats que nous avions eus à l’époque m’avaient amené à formuler le préambule, la charte et les statuts du projet en y formulant ce qui me paraît être aujourd’hui le seul modèle économique valable pour toute action de création, de développement, de production et de commercialisation de biens et de services.
Extraits :
« CHARTE du Projet
(…)
Cette charte prend en compte l’ensemble des besoins et des liens qui tissent un territoire, son patrimoine, ses acteurs de développement et ses résidents. Ces engagements s’inscrivent dans un projet de vie (développement ?) durable et d’aménagement du territoire.
L’ensemble des adhérents/sociétaires se fixe comme objectifs les points suivants : respect de l’environnement, qualité des produits, qualité des services, action collective, soutien à l’agriculture paysanne.
La démarche comporte plusieurs approches :
Approche sociale :
Recréer, développer et soutenir les échanges et les concertations entre le milieu agricole, les autres acteurs de développement et les consommateurs (particuliers, collectivités) dans une démarche de proximité visant à renforcer notamment un tissu rural local. Garantir le respect des droits élémentaires et fondamentaux de la personne, refus de l’exploitation des producteurs, respect des droits sociaux du travail (repos hebdomadaire, hygiène, sécurité et santé) et de la protection des enfants dans le travail…,
Approche économique :
L’objectif est de développer des filières de proximité créatrices d’emploi (en favorisant un partage équitable de la valeur ajoutée et une juste rémunération des opérateurs). Pratiquer une politique commerciale de « prix minimum garanti » permettant une juste rémunération des producteurs et des salariés pour subvenir décemment à leurs besoins et à ceux de leurs familles, et s’inscrivant dans un objectif de rentabilité économique de l’activité de production.
Approche territoriale et environnementale :
De nombreuses initiatives sont apparues localement afin de travailler au développement d’une agriculture durable, respectueuse de l’environnement (respect de l’eau, des sols, des paysages). La coopérative s’engage à soutenir ces démarches et favoriser la création de nouvelles activités complémentaires.
Approche éducative :
Volonté de sensibiliser les élus, les gestionnaires, les producteurs et les consommateurs sur les relations entre les modes de production et de consommation des produits alimentaires et de consommation courante, y compris en restauration collective, dans le milieu scolaire, auprès des enseignants et des parents d’élèves…
Les différents acteurs s’engagent à soutenir, par leurs choix de consommation, un cahier des charges commun visant aux objectifs suivants :
Dans le domaine agricole (production, transformation, distribution) :
• Mode de production exempt de tout produit chimique de synthèse (pesticides, engrais de synthèse),
• Maintien de la fertilité des sols par des méthodes écologiques : rotation des cultures, utilisation d’engrais verts…,
• Diversification des productions sur les domaines.
• Participation au sauvetage du patrimoine génétique et à la défense de la semence fermière.
• Exclusion totale, à tous les niveaux des filières, des OGM (Organismes Génétiquement Modifiés),
• Respect du bien-être animal
• Maintien d’un lien au sol pour l’alimentation animale,
• Liaison au sol de l’élevage obligatoire, les surfaces doivent permettre un accès au plein air des animaux et assurer tout ou partie de leur alimentation et de l’épandage de leurs déjections.
• Protection de l’environnement des domaines en rétablissant les équilibres écologiques (haies, protection de la faune et de la flore…).
• Promotion de la transformation à la ferme et des formes de commercialisation qui responsabilisent producteurs et consommateurs et induisent une dynamique sociale (exemple : fixation des prix).
Dans le domaine environnemental et des énergies :
• Réduction des déchets et de la consommation énergétiques à toutes les étapes de production, de transformation et de transport.
• Promotion de la revalorisation des déchets, notamment par la cogénération.
• Privilégier la proximité pour les ventes afin d’éviter au maximum les pollutions des transports et favoriser le dialogue entre producteurs, consommateurs, transformateurs et distributeurs.
Dans le domaine social :
• Privilégier les domaines à dimension humaine, source de main-d’œuvre, où chacun peut conserver sa dignité et trouver son épanouissement.
• Refus de tout système commercial qui pratique la politique de l’écrasement des prix.
• Création de liens entre les consommateurs et les producteurs par l’organisation de rencontres, visites, dégustations.
• Promotion des productions et transformations locales et artisanales respectueuses de l’environnement.
• Actions sociales et interventions pour encourager et développer les initiatives publiques ou privées répondant aux mêmes objectifs.
Mode d’action :
L’ensemble de ces approches se réalisera sous la forme d’actions complémentaires :
A — Un « point de vente coopératif » de type coopérative de distribution de produits (biologiques, écologiques ou respectueux de l’environnement), provenant soit du plateau ardéchois, soit des zones géographiques les plus proches si les produits ne sont pas disponibles sur le plateau.
Ce point de vente distribuera de manière plus générale des produits courants (épicerie, produits nettoyants, etc.) issus de filières respectueuses de l’environnement.
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B — Un système de soutien à la transformation coopérative visant à regrouper, soutenir et cofinancer les groupements de producteurs adhérents souhaitant créer des ateliers de transformation.
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C — Un système de soutien à la distribution équitable de type « circuits courts » favorables aux producteurs et aux consommateurs :
« Paniers maraîchers » en livraison régulière directe par les producteurs adhérents de la SCIC (selon des contrats avec les consommateurs adhérents),
« Groupement d’achat » qui pourra proposer des commandes collectives en gros ou demi-gros pour les produits de producteurs paysans ou artisanaux non locaux.
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D — Des « services coopératifs » visant à permettre des échanges solidaires :
Ces services organisés dans le cadre de la coopérative, avec éventuellement le soutien des moyens de la coopérative, consisteront en l’organisation et à la mise en œuvre d’une partie des actions de la société coopératives, ainsi que d’autres services d’échange entre les adhérents de la coopérative.
Ces services pourront être valorisés par l’attribution de parts dans la société, ou permettront de bénéficier d’une réciprocité de la part d’autres coopérateurs. »