Oui mais…

Anne Cécile Robert* a publié un article qui ouvre un certain optimisme sur l’Afrique.

L’Afrique est peut-être en passe de vivre un tournant, un espoir pour une seconde et réelle indépendance ?

“ Au-delà de la bienveillance carnassière de la « communauté internationale » ”

Ça ne vous paraîtra pas forcément évident de faire le lien comme cela, mais il m’est impossible d’éviter d’aller dans cette direction…

Compte tenu de la malédiction du pétrole ainsi que des formidables ressources minières, il y a de bonnes raisons d’être sceptique. D’autant que réfléchir sur le devenir de l’Afrique et regarder en face la réalité de ce qu’il s’y passe permet de voir dans le miroir la réalité des mécanismes qui nous gouvernent, notamment ici, dans notre patrie des droits de l’homme

Il suffit d’abord de considérer que l’occident a toujours joué des coups d’État, de la manipulation et de l’oppression par des dictatures en tirant les ficelles depuis le cœur même de nos grandes institutions démocratiques. Outre la contradiction entre la réalité des politiques étrangères menées par nos dirigeants et leurs discours démocratiques, nous savons aussi, même si nous feignons encore de l’ignorer tant cette réalité est dure à affronter, que ces méthodes finissent par s’appliquer à nos propres peuples.

Aux États-Unis comme en Europe, alors que l’on a, en apparence, les mécanismes de la démocratie, la réalité du pouvoir et des prises de décision échappe finalement aux peuples pour se retrouver concentrée aux mains de quelques hommes d’affaires, de quelques familles et professionnels des appareils de partis.

Même au sein de l’Europe, la soi-disant grande maison commune, nous n’avons aucune raison de nous sentir « à l’abri » : parce que ses institutions se sont quasiment exclusivement constituées, au détriment de tout le reste, autour de la loi du marché, avec une mise en concurrence acharnée et contre-productive pour les classes populaires, les fruits de sa prétendue « croissance » se sont retrouvés finalement toujours concentrés aux mains des mêmes.

Et non, nous ne sommes pas à l’abri de « guerres » ou de très difficiles lendemains parce que là où les déceptions des populations grandissent, s’affirment jusqu’à l’écoeurement, c’est la logique de la peur, de la pression et des aspirations réactionnaires qui reviennent en force.

Au rythme où vont les choses, l’Afrique pourrait, au prix d’énormes efforts pour se débarrasser de ses parasites, se retrouver dans une position certes améliorée, mais en ayant en face d’elle un occident en proie à des convulsions nationalistes et autoritaires, sous le joug de pouvoirs manipulant les valeurs sécuritaires, et méprisant la vie privée et les droits les plus fondamentaux au non même d’une vision bien cynique de la démocratie.

La gronde des laissés pour compte de l’Europe libérale va en s’amplifiant, notamment à l’est avec les déceptions engendrées par le passage d’une économie planifiée misérable à une économie libérale qui a explosée, mais au profit des mêmes apparatchiks.

Le prochain Hitler, le prochain Mobutu, le prochain Saddam, le prochain Franco, le prochain Mussolini, ces marionnettes mises en place par les éminences grises, arrivera aussi sûrement à l’Élysée ou dans une autre de nos prétendues démocraties européennes que dans un pays dit « du sud ». Nous en avons un exemple tellement énorme qui nous toise depuis l’autre côté de l’atlantique que nombre d’entre nous feignons de ne pas le voir.

Il n’y arrivera pas par un coup d’État à l’ancienne, mais en usant de toutes les ficelles de la manipulation que les « think tanks » et les « spin doctors » grassement payés par les grandes familles lui mettront à sa disposition, en surfant sur une vague populiste grossièrement créée et savamment orchestrée

À l’heure ou en France on célèbre les justes, à l’heure ou on salue le combat de l’abbé Pierre, les listes de ceux qu’il faudra surveiller, voir venir chercher en premier, sont déjà prêtes…

Paranoïaque ? mmmhhh…

L’Histoire n’est pas juste une affaire de spécialistes penchés sur le passé.

Jusqu’à quand allons-nous dormir ?

*Sa dernière intervention dans « Là-Bas » dans la série « Autour du Diplo » du 9 janvier 2007 condense en quelques mots ce que j’essaye de bafouiller dans mes notes et c’était vraiment une bouffée de cohérence salutaire.

P. S. : Pour ce qui concerne les programmes des partis, nous sommes assez intelligents, j’espère, pour lire entre les lignes des programmes leurs contradictions intrinsèques et grossières, et d’en tirer les conséquences.

Si je ne me place que du point de vue du petit patron que je suis — qui bosse à l’export, sans aides publiques, sans marchés publics, etc. — j’ai toutes les raisons d’être terrorisé (!) par les programmes portés par les partis dits de droite. Et si le parti du centre semble aller dans une direction qui lui est propre, il ne faut jamais oublier qu’il s’est toujours démarqué de ses amis de droite pendant les campagnes pour finalement s’y rallier en dernier ressort.

Quant aux partis dits de gauche, ils sont carrément largués, mais ça, c’est une autre question.

P. S. 2 (07/02/07) : J’ai mis un lien dans cette note vers un site : http://www.syti.net/ sur lequel on trouve pas mal de notes avec un point de vue argumenté… Las, je n’en partage pas totalement tous les points de vue, notamment sur les « maîtres du monde ». Plutôt que le complot, ne serait-ce pas la fuite en avant éperdue d’un système dont la propre incohérence et la médiocrité ont provoqué un effondrement généralisé qui entraîne tout sur son passage…