Il y a encore un patron qui a appelé le répondeur de là-bas si j’y suis pour s’en prendre à ceux qui profitent du système : vous savez, les parasites, les profiteurs, les branleurs surprotégés par un système social permissif et protectionniste…
À force de se bourrer la tronche avec des idées comme ça, ils ne sont pas loin de se lancer dans la purification de la société, à l’instar de la forêt allemande, prémisses de la purification de la race allemande…
Bref, ils nous saoulent avec les « profiteurs de système payés à rien foutre ».
C’est tellement plus facile de s’en prendre à des boucs émissaires que de remettre en cause les valeurs réactionnaires et égoïstes qu’ils défendent, alors même qu’ils voient la planète en crever…
Bref, je suis encore allé bafouiller un truc sur le répondeur, après l’émission du 31 mai (non diffusé) :
« Salut à toute l’équipe, et merci pour vos émissions,
Je voudrais répondre au patron qui a laissé un message invitant les ouvriers à s’en prendre aux autres ouvriers et chômeurs qui selon ce discours racoleur, profiteraient soi-disant du système :
Alors ; comme moi aussi, je suis de la catégorie des petits patrons, je voudrais lui dire plusieurs petites choses :
Ce n’est pas qu’une question de compétitivité, c’est un faux problème, ça, c’est l’arbre qui cache la forêt.
Je suis un sous-traitant dont l’effectif va et vient en fonction des coups de bourre d’une grosse entreprise et, en tant que « petit patron », je fais bien la distinction entre le boulot que mes employés et moi-même faisons, et la folie financière qui s’empare de managers et d’actionnaires qui ne savent pas ce que c’est que de travailler et produire, justement…
Il suffit de regarder l’évolution, au cours des trente dernières années, de la part du PIB qui va au travail (oui, au travail) et aux comptes sociaux, par rapport à la part croissante consacrée à la rémunération du capital, dans tous les secteurs !
Si ce patron qui invite à la haine des autres faisait l’effort de réfléchir, au lieu de répéter bêtement ce que le MEDEF et la CGPME nous matraque sur tous les médias, il saurait que la part des richesses produites en France va de moins en moins à ceux qui les produise ces richesses, et de plus en plus à ceux qui placent leur argent et à leur clique de conseillers, d’experts financiers et de consultants en tous genres, qui prolifère comme une gangrène autour des marchés financiers, eux-mêmes totalement coupés de la réalité de l’entreprise.
Là, il y a les vrais profiteurs qui vivent grassement du travail des autres tout en bas de l’échelle…
Et que dire, que dire si on faisait la chasse au travail au noir, aux aides indues aux entreprises, ou encore aux magouilles et au système féodal permis par la décentralisation…
Quand on entend l’imposture des discours de la droite dite décomplexée autour de la valeur travail, alors qu’ils sont tous la à baver sur les rentes, il y a vraiment de quoi être dégoûté par la masse de moutons qui bêlent en cœur.
Enfin, une dernière petite chose, quand même, on ne dit pas “charges”, s’il vous plaît, mais “cotisations sociales”.
Pour conclure je dirais à tous mes petits collègues patrons de toutes tailles : si vous voulez continuer à être, vous et vos employés, les larbins du CAC40 et des intermédiaires de bourse et des marchés financiers, allez-y, votez tous pour la vague bleue du nouveau messie Sarkozy, ça, vous allez « marner », n’en doutez pas…
Voila, c’était un petit patron d’Ardèche, en colère. »