Par Patrick Pesnot
Émission diffusée sur France Inter le 16 avril 2005
Écouter l’archive audio de cette émission :
[audio:free_audio/RVX/2005/20050416-RVX-ords.mp3]
« Les rendez-vous avec Monsieur X » à retrouver depuis le 1er trimestre 2005 :
– En livre dans une co-édition France Inter et en CD aux éditions Radio France.
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Fiche de l’émission extraite du site de France Inter :
Le ver était dans le fruit, a affirmé Monsieur X la semaine passée. Il fallait donc qu’il tombe un jour ou l’autre. Le fruit, c’était la Côte d’Ivoire au temps du « miracle ivoirien » comme on l’a appelé… Parmi les anciennes colonies françaises d’Afrique, la Côte d’Ivoire, à l’exception notable du Sénégal, semblait être la seule à connaître un développement harmonieux et à échapper à la malédiction de la misère et des déchirements internes. Sous la férule du « Sage de l’Afrique », Félix Houphouët-Boigny, la Côte d’Ivoire était donc promise à un avenir radieux. En 20 ans le PIB, le Produit intérieur brut par habitant, avait quintuplé. La scolarisation, les services sociaux, la construction avaient progressé dans les mêmes proportions. Mais ces succès réels dissimulaient de nombreux points noirs…
D’abord, cette évolution prometteuse n’avait été possible que parce que la Côte d’Ivoire, demeurée sous la tutelle de fait de la France, avait largement ouvert son économie aux investisseurs étrangers. Un libéralisme à tout crin qui avait engendré de nombreuses inégalités et un considérable accroissement de la corruption. Ensuite, il y avait, en raison du manque de main d’œuvre locale, l’appel aux travailleurs étrangers qui avaient fini par constituer plus du quart de la population ivoirienne. Une situation qui ne présentait pas de risques tant que l’économie demeurait florissante. Mais, justement, à partir du début des années 80, les prix de la principale richesse de la Côte d’Ivoire, le cacao, chutent… Enfin, et surtout, ce pays aux 60 ethnies demeure uni tant que l’autocratique et richissime Houphouët-Boigny tient solidement les rênes et réprime, parfois férocement, les tentatives sécessionnistes. Or, le président ivoirien, malade et vieillissant, gouverne souvent à distance. Et sa succession attise les convoitises. En 1990, il est réélu pour la septième fois. Mais, et c’est une première, il a dû affronter un concurrent, le socialiste Gbabgo. Trois ans plus tard, miné par un cancer, il s’éteint. Toutes les conditions sont réunies pour que le pays bascule dans le chaos. Dans un instant, l’explication de la crise ivoirienne…
Programmation musicale :
Sekouba Bambino : It’s man’s man’s man’s, world
album : Sinikan
Dobet Gnahoré : Weli
album : Ano Neko
Livres :
François-Xavier Verschave
Noir silence : qui arrêreta la Françafrique ?
éditeur : Les Arènes –
parution : 2000
Judith Rueff
Côte d’Ivoire, le feu au pré carré
éditeur : Autrement
parution : 2004