Par Patrick Pesnot
Émission diffusée sur France Inter le 26 novembre 2005
Écouter l’archive audio de cette émission :
[audio:free_audio/RVX/2005/20051126-RVX-iruy.mp3]
« Les rendez-vous avec Monsieur X » à retrouver depuis le 1er trimestre 2005 :
– En livre dans une co-édition France Inter et en CD aux éditions Radio France.
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Fiche de l’émission extraite du site de France Inter :
Ce sont des événements inconnus ou presque… D’autant plus qu’ils ont été occultés par la Guerre d’Algérie qui occupait alors l’esprit des Français. Mais une autre « pacification », puisque tel était le nom officiel attribué aux opérations algériennes, était à l’œuvre au Cameroun. Beaucoup plus discrètement. Et pourtant, elle finira par provoquer la mort de milliers de personnes.
La semaine passée, Monsieur X a commencé d’en parler. Je résume à grands traits. Le Cameroun n’est pas une vraie colonie mais un territoire dont la tutelle a été attribuée par l’ONU à la France. Très vite, un mouvement indépendantiste voit le jour, l’UPC, c’est-à-dire l’Union des Populations du Cameroun. Son leader est un personnage charismatique, Ruben Um Nyobé, un ancien fonctionnaire mystique mais féru de marxisme.
À plusieurs reprises, Nyobé et les siens ont revendiqué la fin de la tutelle française et donc l’indépendance. En vain. En pleine guerre froide, Nyobé fait peur car on le dit cryptocommuniste. Et si la France de la IV° République envisage à terme l’indépendance du Cameroun, elle n’entend pas confier les rênes du pouvoir à ce dangereux révolutionnaire. Après quelques épisodes sanglants qui ont opposé la troupe aux indépendantistes camerounais, Nyobé a finalement décidé de prendre le maquis et donc d’organiser la lutte armée, tandis que d’autres chefs de l’UPC ont choisi l’exil.
Fin 1957, l’administration coloniale, malgré le statut d’autonomie interne qui a été attribué au Cameroun, opte pour la répression. Dans les régions où se sont implantés les maquis de l’UPC, les pays Bamiléké et surtout Bassa, les habitants sont regroupés dans des villages contrôlés par l’armée le long des grandes voies de communication. L’objectif, c’est de couper les maquisards de leur base populaire. Puis les militaires, commandés par des officiers français, entreprennent d’éradiquer les maquis par la force. Et c’est une véritable chasse à l’homme qui commence… Clairement, il s’agit d’éliminer Nyobé !
Programmation musicale :
Anne-Marie Nzié : Beza Da Dzo
(Indigo)
Manuel Wandji : Na makasi ya Nzambe
album : Spirit Of Roots
(Night & Day/Wanbo Productions . 2002)
Livres :
Maurice Delauney
Kala-kala : de la grande à la petite histoire, un ambassadeur raconte
éditeur : Robert Laffont
parution : 1986
Michel Debré
Trois Républiques pour une France : mémoires (tomes 3 et 4)
éditeur : Albin Michel
parution : 1988/1993
François-Xavier Verschave
La Françafrique, le plus long scandale de la République
éditeur : Stock
parution : 1998