Avant de glisser votre bulletin dans l’urne aujourd’hui, prenez juste un moment pour considérer ceci :
Supprimer les cotisations sociales (qui ne sont pas des charges mais un financement solidaire d’un bien commun : la protection sociale) d’abord patronales puis salariales, va peut-être réduire le coût direct du travail et peut-être augmenter votre feuille de paie, peut-être. Encore que pour financer la sécu, il va falloir du coups augmenter la CSG. La Caisse de la Sécurité Sociale a été créée pour être indépendante des alternances politiques, gère un budget de 1,5x le Budget de l’État, et elle est gérée de manière paritaire. Aucun autre système n’est aussi performant : quand vous confiez 100 euros à la Sécu, 11 vont aux coûts de fonctionnement, quand vous confiez 100 euros à une mutuelle, c’est entre 25 et 35 euros qui vont aux coûts de fonctionnement!
Vous aurez toujours besoin de vous soigner, d’aller aux urgences, la question reste donc celle du mécanisme de financement de ces dépenses.
Depuis sa création, la Sécurité Sociale a pour mission de préserver les Français de la misère et de la pauvreté et elle l’a très bien fait. Quand vous allez vous soigner, on vous demande votre carte de sécu, votre carte de mutuelle (moins efficiente) et éventuellement votre chéquier ou votre carte bleue.
En revanche, depuis sa création, beaucoup de politiques et d’entreprises se sont idéologiquement opposés à ce système de “cotiser selon ses moyens, recevoir selon ses besoins” et ont donc progressivement introduits des coins dans le système pour progressivement organiser son déficit :
À sa création, les cotisations prélevées donc à la source étaient alignées sur les besoins, la massification avait pour but de réduire les coûts de fonctionnement et de donner des moyens importants. Beaucoup de professions ont idéologiquement refusé ce système pourtant très solidaire : les agriculteurs, les professions libérales (RSI) etc. créant de fait une première profonde disparité.
Si vous acceptez l’arrêt du système de cotisation à la source et le remplacez par une taxe plus une augmentation de la part mutuelle privée, vous perdez dans tous les cas en efficience, mais vous créez une disparité de fait entre ceux qui auront les moyens de payer une mutuelle, donc d’être plus ou moins bien soignés en fonction des revenus, et surtout, vous rendez la protection sociale dépendante des alternances politiques et de l’industrie de la santé.Ne confondez pas les problèmes : La façon dont l’argent de la sécu est dépensé, c’est à dire la qualité des soins reçu, l’état des hôpitaux etc. est une autre question : la situation des hôpitaux vient justement de l’idée qu’un hôpital doit être à l’équilibre financier, mais les politiques refusent d’aligner les ressources sur les besoins, en créant des aberrations comme la tarification à l’acte qui laissent aux hôpitaux les charges les plus lourdes (oncologie, maternité compliquées, maladie chroniques de longue durées) tandis que les cliniques s’efforcent de privilégier les actes rentables…
Ces mêmes politiques fustigent le “trou” de la sécu (±70 milliards) tandis que l’évasion et la fraude fiscale représentent ± 150 milliards… Plus ces politiques auront la mainmise sur le choix des dépenses, plus ils auront tendance à le confier au secteur privé (CADES de Juppé), Mutuelles d’entreprises obligatoires etc.Visez long terme…
Visez solidaire aussi car vous, seuls face aux mutuelles, serez écrasé le jour où vous ou vos proches seront affectés par une longue maladie.
Supprimer les cotisations sociales, c’est supprimer la Sécu, avec à terme, une privatisation du système de santé et de retraite donc une efficience réduite.Merci d’avoir pris le temps de lire et bon courage…