Le nouveau Messie…

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Ils l’ont accueilli comme le Messie… l’Agneau de Dieu ?

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Le chemin à parcourir pour convaincre que ce ne sont pas les autres qui sont responsables, mais nous-mêmes est encore long.

La « gauche » fait encore plus peur que la droite ! Un comble…

P.S. : Salut, ça faisait un bail…

Du vote utile etc…

Lu sur le Web :

« Que vive le 29 mai 2005 ! »

Bigre, de la part de quelqu’un qui appelle implicitement à voter utile…

Le « peuple » de gauche qui a dit non le 29 mai attend encore des excuses, des remords, une certaine forme de contrition ou d’amendement de la part de ceux qui, comme Ségolène Royal, continuent de croire ou de dire que ceux qui ont voté non sont antieuropéens, contre le progrès, n’ont rien compris etc.

Nous sommes, pour la plupart, des pros européens et bien au-delà, mais pour une autre Europe, un autre monde…

Autour des collectifs, ceux du 29 mai puis autour des « anti-libéraux », gravite un nombre très important de personnes qui ne s’intéressaient pas ou plus à la politique et aux postures des candidats habituels. Sans être contre MG Buffet, O. Besancenot et les autres, il faudrait rappeler que le mouvement des anti-libéraux va très largement au-delà de ces partis : si toutes ces femmes et tous ces hommes avaient dû se mettre en ordre derrière le PCF, ou la LCR, ils l’auraient fait depuis longtemps !

« L’échec » de l’union était patent avant le début des discussions : le PCF proposant son candidat à un mouvement bien plus large que lui savait parfaitement qu’il ne pouvait pas dégager un consensus… Idem pour les autres. Refuser la candidature de MG Buffet, ce n’est pas être contre elle ou le PCF, c’est vouloir prendre en compte tous les autres sans les « encarter »…

Halte à la culpabilisation systématique, c’est une logique de PEUR, et c’est une mauvaise conseillère.

Le vote « utile » est inutile :

Il y a un troisième tour, les législatives, et nous demander de voter utile, c’est refuser d’entendre nos valeurs (voir ci-dessus) et c’est démobiliser pour les législatives. En l’état actuel des choses, le président ne peut rien sans le parlement. Ce dernier doit représenter toutes les composantes des valeurs politiques, pas seulement le mépris du PS pour les autres forces de gauches et les alternatifs.

Pour ceux qui n’arrivent décidément pas à comprendre à quel point pourquoi c’est la candidature de José Bové qui permet de porter un mouvement qui va bien au delà des traditionnels partis d’extrême gauche, allez voir cette Interview de José lors de son contre-salon

Après, on discute…

M.à.j 2022 avec les images qui avaient sauté.

Passage de relais françafricain…

Comme vous ne verrez aucune de ces images sur les médias français, je me permets de vous les montrer …

Le nouveau « vieux* » de notre pré carré françafricain, c’est le « doyen » Omar Bongo.

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Il faut dire que c’est un vrai « ami », Omar :

« Quant à dire que les liens que la France a tissés avec le pays, il faut y mettre fin, parce qu’on pense que c’est la bonne manière de faire plaisir au Gabon, je dis non. »

Bref, entre la déclaration de J. Chirac de ne pas y aller, et avant de donner son « soutien » à N. Sarkozy, il fallait s’assurer que le prétendant au trône, et son empêcheur de ségoléniser en rond, F. Bayrou, aient tous deux accepté le passage de témoin comme il se doit (et vu l’agitation grandissante dans le pré carré à l’approche des élections, c’est indispensable).

Après avoir dit de N. Sarkozy qu’il « n’y comprenait rien » (à propos des relations avec l’Afrique), Omar Bongo a donc « reçu en audience » en début de semaine les deux prétendants de droite

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N. Sarkozy : « J’ai écouté les conseils du président Bongo qui a une grande expérience diplomatique, je lui ai expliqué comment se passait la campagne, j’ai recueilli ses sentiments d’amitiés qui sont pour moi très importants, je l’ai assuré également de mon intérêt pour l’Afrique, de mon amitié pour l’Afrique et de ma fidélité pour l’Afrique » (N.D.L.R. : M. Sarkozy s’adresse à un journaliste africain, c’est important pour comprendre la subtilité).

Puis ensuite, M. Bayrou, dont il est bon de rappeler sa « position » sur le sujet :

« (…) les réseaux, les yeux fermés, la Françafrique, ça ne correspond pas à notre idée du développement démocratique de la France. »

Ah bon ?

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[Ah, mais on avait pas dit qu’il y aurait la TV — Bah, c’est juste pour chez nous]

Puis, une fois terminé, ce fut au tour de Villepin, pour conclure, en somme…

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[Ah Omar, elle est superbe celle-là, et puis c’est une vrai – Oui, c’est un cadeau de Chirac]

Bref, savourons ensemble la conclusion de ce dernier :

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D. de Villepin : « D’abord l’entrevue c’est le plaisir de revoir le président Bongo, vous connaissez les liens très profonds d’amitié entre le président Chirac et le président Bongo, les liens avec la France, qui sont des liens très anciens et c’est l’occasion de faire un point sur les grands dossiers africains et aussi entre la France et le Gabon ; et puis les grandes situations de crise, la sagesse du président Bongo est toujours importante pour la diplomatie française et, aujourd’hui, dans la situation du Darfour, dans la situation plutôt favorable de la Côte d’Ivoire, nous avons beaucoup de dossiers qui sont sur la table. »

« Puis, en ce qui concerne l’avenir, en tout état de cause (N.D.L.R. bis : M. Villepin s’adresse à un journaliste africain, c’est important pour comprendre la subtilité) c’est une profonde fidélité à l’Afrique, une profonde fidélité à mon engagement vis-à-vis de ce continent, je suis né en Afrique (N.D.L.R. : moi aussi, je peux aller parler de tout cela avec Bongo ?), donc c’est défendre la paix, défendre la justice, quoi qu’il arrive et en toutes circonstances. »

Ça me rappelle les propos de Jacques Chirac, à propos de Mobutu, c’est fou comme l’histoire est un perpétuel recommencement…

Après avoir lu : « Pas question de laisser Sarkozy faire copain-copain avec Omar Bongo, qui connaît la plupart des secrets de la Ve République en général et de la Chiraquie en particulier » nous voilà donc rassurés, la françafrique va pouvoir continuer son petit bonhomme de chemin pour le plus grand bonheur des Africains, bien sûr…

P. S. Et bien alors Ségolène, vous avez des soucis avec Jean-Christophe ?

* Le « Vieux » étant le petit nom de feu Felix Houphouët-Boigny

Images extraites du journal TV gabonais via africatv.info.

Les éléments entre [ ] sont des interprétations personnelles.

Alter…

Hier il y avait une réunion publique « Osez Bové » à Pont d’Ucel (Ardèche).

Ce fut un gros succès et il faut remercier les organisateurs qui ont fait un super boulot de préparation.

Au menu : Les Zapatristes, des interventions locales (avec intermèdes musicaux de Pierre Gaudé) de Pierre-Yves Maret, paysan, Nadia Kurys, à propos des droits des étrangers, Pascal Waldschmidt, à propos des services publics et Jean-Louis Chopy d’ATTAC…

La soirée s’est conclue avec des interventions des porte-paroles nationaux : Jean-Jacques Boislaroussie (Les Alternatifs), de Monique Dental (militante féministe, Ruptures) et de Raoul-Marc Jennar, altermondialiste (URFIG)

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J’ai distribué des petits « Flyers » (je n’avais pas assez d’exemplaires de CQFD, du Plan B, de La Décroissance et de L’âge de faire) et puis surtout, des livrets des Renseignements Généreux, notamment sur la « Françafrique » et ils sont partis comme des petits pains :D

And the winner is…

Quand elle était passée sur eclectik, j’avais écrit une note à propos de Diam’s que je comptais mettre en ligne sous le titre : « à quand la maturité ? ». Je ne l’avais pas mise en ligne, après tout…

Tout avait commencé avec le bootleg de DJ Zebra qui mixait « La boulette » avec un titre de U2. J’avais entendu le bootleg sur Inter. Du coup, n’ayant pas suivi l’actualité, j’avais été gratter sur le net pour écouter le dernier album de Diam’s, je trouvais les paroles de « La boulette » plutôt marrantes, sauf quand même ce truc : « C’est pas l’école qui nous a dicté nos codes ».

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Un truc qui a un fort arrière-goût de poujadisme quand même !

Ben oui, ça reste quand même dans la même veine des « populos » qui disent : « moi l’école ne m’a rien appris », « j’étais pas à ma place », « ça sert à rien », « c’est pas pour moi », etc.

Les mêmes que l’on entend ensuite critiquer les « grattes papiers », les profs, les « intellos » et tous ces « privilégiés » qui ont comme principal tord de s’être fait traiter de « lèches » à l’école parce qu’ils étaient justement différents, et qui ont ensuite passé les concours, parce qu’eux, ben oui, ils avaient bossé…

Les mêmes qui une fois confrontés aux impasses auxquelles les ont menées leur paresse et les clans des cours d’école, vomissent sur les « fonctionnaires », et qui sont de bons clients pour les rouges qui virent au brun… Je tiens à insister ici sur la différence entre l’inégalité des chances qui est un des maux qui caractérisent le plus notre belle France, et le clientélisme dont usent certains bobos pour dédouaner des branleurs qui ont comme principale qualité la tchatche, l’embrouille.

Après, je suis allé sur son site, voir les clips…

Si on veut bien reprendre le fil de « La boulette », mais on pourrait le faire aussi avec « Ma France à moi », on y entend de manière parfois sympa, en gros l’inégalité des chances, les castes, la débrouille pour les uns face à la réussite des élites, l’envie de ne pas se prendre la tête, la désillusion sur le système, l’envie de se prendre en main et de se bouger pour y arriver, la dénonciation de la françafrique. Un bon mix sincère sans doute, mais bien tendance

En gros la dénonciation du système, un peu comme « nous » sommes des milliers (des millions ?) à le faire quotidiennement, dans l’action, dans les revendications, etc.

Le rêve américain.

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Mais Diam’s, laisse quand même un drôle d’arrière-goût, comme l’hypocrisie des rappeurs US qui dénoncent le système en se couvrant de bijoux pour revendiquer la réussite sociale en mettant des bimbos à l’arrière d’une décapotable remplie de dollars, et en faisant des boum boum comme signe de ponctuation à leurs cinquante mots de vocabulaire.

En gros « fait tourner, c’est mon tour ». Tu parles d’une dénonciation du système, tu parles d’une réussite…

En, attendant, elle ramasse la monnaie, mais ne fait-elle pas plus de mal à ceux dont ont lui prête une certaine représentativité ? N’est-ce pas là la caricature du rêve américaintout le monde peut y arriver. Si elle est en haut de l’échelle, c’est peut-être parce qu’elle cautionne le système.

Sa réussite ne répondrait qu’à un seul objectif, laisser les millions qui vont rester dans la merde accepter l’illusion d’arriver eux aussi un jour à baigner dans les « sunlights », les paillettes et les applaudissements des plateaux télés avec des « blazes » qui flashent de tous les côtés…

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Alors, après les fiches pédagogiques (!) Diam’s, à quand la maturité ?

An Unreasonable Man – at last…

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« The reasonable man adapts himself to the world – the unreasonable one persists in trying to adapt the world to himself. Therefore all progress depends on the unreasonable man. »

George Bernard Shaw, Man and Superman (1903) (From Nader’s blog)

Être une heure, une heure seulement…

Question à Arlette Laguiller :

Vanessa Pottier (sans emploi, célibataire sans enfant) :

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« Je voudrais savoir quand est-ce que vous prendrez conscience que les idées que vous défendez, euh, euh, elles ont été appliquées dans certains pays, et elles ont conduit, à chaque fois à la misère et à la dictature. Prenons par exemple les… La Corée du Nord et Cuba où euh ce n’est le, où c’est le euh, où c’est toujours d’actualité, est-ce que c’est l’avenir que vous réservez au Français ? »

Je ne sais pas vous, mais à part le fait qu’ils le revendiquent dans leurs noms, je n’ai pas l’impression que ces régimes n’ont jamais été communistes (au sens propre du terme). Quant à dire qu’elle veut instaurer un régime communiste en France, je pense qu’elle est plus modeste que ça et apprécierait déjà que son combat serve à défendre les travailleurs…

Je ne vote pas pour Arlette Laguiller, mais ce n’est pas parce qu’elle est ridée, qu’elle a le mérite de ne pas avoir fait une seule concession à son combat (ben oui, les mêmes causes produisent les mêmes effets), et que c’est sa dernière présidentielle qu’elle n’a pas déjà réfléchi à ce genre de problème…

Mais bon, c’est vrai que l’histoire, la politique, la philosophie — et toutes ces petites choses sans importances — ça demande de faire travailler le truc qu’il y a entre les deux oreilles.

Mais comme ça ne sert à rien pour passer à la télévision…

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« Être une heure, une heure seulement, être une heure, une heure, quelques fois ; être une heure, une heure, beau, beau… »

Images extraites de l’émission « J’ai une question à vous poser » du 26 février 2007 sur TF1

P.S. : Je boycottais TF1 depuis les présidentielles de 2002, même pour me documenter. C’était la première fois depuis que je n’avais pas regardé cette chaîne, je vais de nouveau « sortir les poubelles » …

Bousiculture…

Oui je sais, c’est finalement assez facile de taper sur Chirac.

Le discours sur la maison qui brûle était assez savoureux dans le genre « faites ce que je dis pas ce que je fais », ou encore son amour immodéré revendiqué pour les arts premiers et l’Afrique alors que les réseaux de la chiraquie n’ont rien à envier à ceux de Foccart… Ou l’autre, que l’on a un peu vite oublié et qui concernait son « plan cancer »…

J’allais donc écrire que ce qui est fatigant n’est pas tant ce que lui dit (finalement si, voir ci-dessus) que le discours attendri de la presse sur la « chose » de Chirac : l’agriculture.

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Oui, en ces temps de passation de pouvoir, lire, voir et entendre une telle absence de critique sur le bilan de Chirac, un tel respect de « l’amour » de Chirac pour le monde agricole est de taille à vous donner envie de définitivement exclure toute réconciliation avec les médias.

Et d’entendre les dirigeants de la FNSEA dire qu’avec le départ de Chirac, le monde agricole perd l’un de ses plus fervents supporters me fait friser l’apoplexie.

À la limite, admettons que… La françafrique soit loin ou du passé, les affaires de la mairie de paris une sorte de mauvais procès, le plan cancer une erreur d’évaluation, l’absence de préoccupations avant son discours pour l’écologie une timidité face à un monde pas assez mûr pour entendre, le discours sur la fracture sociale une anticipation des vrais enjeux. Ça en fait des occasions ratées de mettre en application un discours non ?

Mais admettons donc…

Mais s’il y a bien un bilan que les agriculteurs devraient faire payer à Chirac à coup de fourche dans les fesses, c’est bien celui de la situation des agriculteurs en France ! D’ailleurs, les agriculteurs devraient •••• Chirac, et la FNSEA avec…

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Quel bilan !

Un monde agricole surendetté (merci la banque des agriculteurs), pris dans une fuite en avant d’hyperproductivité polluante, pressuré par le monde de la grande distribution, réduit à vivre sous les perfusions de la PAC et des diverses aides pour telle ou telle calamité…

Ils ne sont pas fiers les agriculteurs, c’est même eux qui le disent !

On ne peut pas dire que la politique agricole de Chirac et les positions jusqu’aux boutistes soutenues par la FNSEA aient permis aux agriculteurs de retrouver un équilibre pour simplement vivre de leur production, d’avoir la fierté de nourrir les Français avec des choses saines et d’entretenir l’environnement pour les générations futures…

Le monde agricole est exsangue, surendetté ; il détruit durablement l’environnement et les humains à coups de pesticides, il est malade du cancer, en train de disparaître à cause des gros exploitants qui accaparent les terres à coups de subventions…

En bref, c’est l’agonie dans le monde agricole, la maison brûle mais Chirac aime tapoter les vaches et on ne tarit pas d’éloges sur son lever de coude

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Et de fait, je reste sans voix en voyant tous ces agriculteurs saluer Chirac comme quelqu’un qui les aime et qui se soucie d’eux !

Voir des agriculteurs voter pour la FNSEA, pour Chirac et ses successeurs, me fait penser à la remarque de Coluche : « c’est comme voir un crocodile rentrer dans une maroquinerie… ».

Qu’ont fait tous ces gens pour eux ? Ils leur ont tout simplement écrasé la tête dans la bouse. Comme le vote Le Pen, l’augmentation du vote pour la Coordination Rurale devrait pourtant faire réfléchir…

Et ils en redemandent :

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Les images sont extraites du journal de LCI 03/03/2007 à 21h00

Lettre ouverte à François HUMBLOT

Lettre ouverte à François HUMBLOT, suite à sa lettre ouverte adressée à Ségolène Royal, et publiée le 23 février sur le site besoindair.fr.

*PDG d’HUMBLOT-GRANT ALEXANDER

Monsieur,

Je lis avec attention votre lettre ouverte à Ségolène Royal, et, en qualité de tout petit entrepreneur, je me permets de réagir à vos propos qui concernent LES entreprises et l’emploi.

En tant que tout petit entrepreneur, j’ai compris très tôt qu’en France (que j’ai connu après de nombreuses années en Afrique subsaharienne) les valeurs du travail, du respect des lois et des règles du marché, étaient bien souvent érigées en revendications pour la société, et systématiquement bafouées dans la pratique. Le terme de « république bananière » dont mes compatriotes affublaient les pays dans lesquels j’ai vécu, a pris un surprenant éclairage quand j’ai découvert mon pays…

C’est en effet une gageure pour un entrepreneur que de vivre et de faire vivre son entreprise exclusivement de son travail dur et honnête, de qualité, sans travail au noir, sans bidouilles fiscales, sans manger aux multiples offres d’arrangements offertes par des systèmes où se mêlent fonds publics décentralisés et porteurs d’affaires ou conseils en tous genres (formation, consulting, études, etc.).

Oui, dur de simplement faire son travail, à fond, en cherchant à améliorer la qualité, en se formant.

Plus on travaille et plus on fait du bon travail, plus ça devrait marcher non ?

Eh bien non.

Tout comme nombre de gens ayant un « esprit libre », un esprit d’entrepreneur, ne voulant pas faire comme tout le monde, je me suis alors tourné vers l’étranger… À ceci près, que ma démarche, au lieu de m’expatrier, a consisté à trouver des clients exclusivement à l’étranger. Aujourd’hui, je produis un service dans un secteur « compétitif » exclusivement à l’exportation. Pourquoi ?

Pour répondre à cette question, il faut répondre à celle-ci :

Qu’est-ce qu’être une TPE, une PME en France ?

C’est bien souvent être à la fin d’une longue chaîne de sous traitance avec des décisions souvent non négociées, imposées avec comme seul cadre relationnel : « à prendre ou a laisser (même quand cela va à l’encontre de la qualité), si vous ne le prenez pas il y en a d’autres qui attendent ».

C’est attendre jusqu’à parfois quatre mois le paiement des travaux fournis, quand ils ne sont pas contestés au moment du paiement pour essayer de gagner encore du temps.

C’est souvent ramasser les miettes de gros groupes qui sont devenus les fournisseurs attitrés de l’état et des collectivités via un code des marchés publics taillé sur mesure pour eux.

C’est être un pion dans le système féodal des relations ambiguës de la politique et des affaires, amplifiées de manière invraisemblable par la décentralisation…

C’est la pratique courante de commissions iniques, de marges arrière, de contreparties obligatoires, d’emplois imposés ou d’emplois fictifs de la part de donneurs d’ordres…

C’est assumer tous les risques et les engagements des relations employeur/salarié, employeur/organismes collecteurs et entrepreneur/banques en lieu et place des managers et des dirigeants des groupes qui n’assument plus que les dividendes versés à des actionnaires, alors que les bénéfices desdits groupes ont été le fruit de l’investissement, du dévouement, de la démarche qualité et du labeur de chaînes de production tendues pour fournir le meilleur d’elles-mêmes…

Précariser encore davantage les employés de ces PME, c’est admettre que ce système est normal et acceptable** et c’est accentuer encore la pression sur les patrons de ces TPE et de ces PME !

Dans les très petites entreprises comme vous le dites si bien, on ne demande pas d’aides publiques, on travaille dans la production autant que nos salariés, on ne peut compter sur aucun organisme financier, aucune banque, aucun investisseur, aucun soutien…

Mais on veut des écoles pour nos enfants, des infrastructures de transport et d’énergie efficaces et désintéressées, des universités et des hôpitaux parce que justement, on sait ce que c’est que de ne pas avoir les moyens d’aller dans les structures privées, pourtant grassement soutenues par des fonds publics.

Nombre des propositions de Mme Royal sont bien sûr des inepties qui prouvent, une fois de plus, le problème que pose un système de pensée basé sur l’idéologie, alors que nous avons besoin de pragmatisme, de raison, de justice, d’humanisme. Le pendant de son vide sidéral ne doit pas pour autant être un suicide collectif au nom d’une autre idéologie, communément appelée « ultralibérale », qui a mené le monde jusqu’ici dans une fuite en avant mortelle…

À moins de n’en fréquenter que les quelques kilomètres carrés privilégiés et hors de toute réalité, il n’y a qu’à contempler l’état de ce monde pour mesurer le cuisant échec de cette doctrine !

Vous demandez à Mme Royal d’être lucide ?

L’autocélébration de votre réussite vous porte-t-elle donc à croire que vous êtes vous-même plus lucide en nous demandant de scier la branche sur laquelle nous sommes assis ?

Que les grands « capitaines d’industrie », « les investisseurs », les « financiers », reconnaissent à son juste prix le TRAVAIL (!), les compétences, la créativité, la productivité des hommes et des femmes qui travaillent !

Jouons la concurrence lorsque c’est nécessaire, et pas seulement pour augmenter indéfiniment des marges déjà largement bénéficiaires.

Pour un homme ou une femme produisant ou transformant des produits, ou produisant des services aux entreprises et aux personnes, en France, combien d’hommes et de femmes y a-t-il pour évaluer la rentabilité de ces premiers, produire d’innombrables études sur la possibilité de baisser tel ou tel coût, délocaliser, démultiplier les transports, etc.

Quel est le coût réel de cette pratique de l’économie ?

Les pratiques de la grande distribution sont à ce titre exemplaires : combien de productions délocalisées à l’autre bout du monde uniquement pour augmenter les marges des distributeurs, et non comme c’est répété sans fin, pour survivre. Un mal qui tend à la schizophrénie en poussant de surcroît les consommateurs à acheter toujours moins cher les produits qu’ils produisent pourtant eux-mêmes pour se retrouver finalement eux-mêmes sur le carreau…

Il en va de même pour les marchés publics : que les grands « capitaines d’industrie » fournisseurs de l’état acceptent aussi de moins ponctionner ce dernier (tout en feignant de dénoncer le gaspillage dans leurs propres médias) et redistribuent mieux cette manne, de manière juste et pérenne, vers l’ensemble de leur chaîne de production…

L’idée selon laquelle les travailleurs français ne sont pas compétitifs est en soit un piètre renoncement : ils seront toujours plus chers tant qu’ils n’auront pas atteint le prix plancher d’adolescents ou de jeunes étudiants indiens ou sri-lankais… Est-ce donc cela le seul horizon qu’un visionnaire qui revendique d’être lucide est capable de proposer à des masses de travailleurs qui ne demandent qu’à donner le meilleur d’eux-mêmes ?

Je suis un entrepreneur dans l’âme, fourmillant d’idées, de désir d’avancer, de projets. Parce que je suis constamment dans l’effort de la création, de la production, le temps passe vite, très vite. Je me nourris donc de mes échecs comme de mes réussites sans jamais oublier que je suis mortel et que le monde que nous laissons à nos enfants, c’est celui que nous construisons nous-mêmes ! Dans mon entreprise, je crois sans réserve au travail, au dévouement, à l’intelligence, à la créativité, à la recherche, à l’apprentissage permanents…

Je ne demande jamais d’aide à l’état, mais j’exige qu’il joue son rôle pour assurer une organisation juste et cohérente de la société, de jouer son rôle de solidarité, de péréquation des ressources et de contrôle des abus, d’où qu’ils viennent !

Voici, Monsieur, quelques réflexions.

J’ai toujours essayé de donner le meilleur de moi-même pour créer de la richesse collective. Je suis sur un marché international, dématérialisé et en tension permanente. Je sais ce que c’est que de devoir assumer une baisse de marché de 60 % en 2 mois, d’être obligé de licencier et de ne plus prendre de rémunération pour assurer la survie de mon entreprise.

De grâce, ouvrez les yeux sur le monde qui nous entoure, et cessez de nous demander de nous tirer des balles dans les pieds. C’est notre avenir qui est en jeu, et celui de notre beau pays dans un monde qui agonise.

Croyez, Monsieur, à tout mon profond et sincère respect.

** Ce qui n’est pas le cas dans beaucoup de pays qui encadrent de manière beaucoup plus juste les relations donneurs d’ordres — sous-traitants.

CQFD

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À lire dans le dernier CQFD (précipitez-vous dans votre kiosque pour acheter un des rares journaux indépendants), un article comme toujours passionnant chez les erroristes, sur « les déserteurs du chagrin ».

Même si je suis loin de partager le parti pris de CQFD, je ne peux que soutenir les points de vue différents du discours ambiant sur la valeur travail telle qu’elle est promue en ce moment. Et pour cause :

« Le travail, c’est l’émancipation. Le chômage, c’est l’aliénation. »

Nicolas Sarkozy, sur TF1, 05/02/2007

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Le travail rend libre ?

Mais quel travail  ?

Au vu de l’actualité à Guyancourt, ça devrait quand même faire réfléchir ceux qui bêlent en permanence les idées toutes faites, injectées avec force dans nos médias par les héritiers du CNPF. Eh oui, merci de ne pas oublier que le MEDEF n’est que le ravalement de façade d’une institution qui a représenté sans état d’âme la valeur travail durant des heures moins glorieuses de la France d’avant (et qui sera de nouveau aussi celle « d’après » selon Nicolas Sarkozy).

Difficile de ne pas penser à la nationalisation des usines Renault et la confiscation des biens de Louis Renault, le 16 janvier 1945…