Rendez-vous avec X : la fraction armée rouge 2/2

Par Patrick Pesnot

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Émission diffusée sur France Inter le 15 janvier 2005

Écouter l’archive audio de cette émission :
[audio:free_audio/RVX/2005/20050115-RVX-ksle.mp3]

« Les rendez-vous avec Monsieur X » à retrouver depuis le 1er trimestre 2005 :
– En livre dans une
co-édition France Inter et en CD aux éditions Radio France.


Fiche de l’émission extraite du site de France Inter :

On l’a appelé « l’automne allemand »… L’automne 1977. Jamais encore le terrorisme d’extrême gauche n’avait atteint un tel degré de violence Outre-Rhin… Et pourtant, depuis des années, nos voisins vivaient avec la menace terroriste malgré un renforcement considérable de l’appareil policier et de la législation. Et surtout malgré l’arrestation en 1972 des chefs historiques de la Fraction armée rouge, Andreas Baader, Gudrun Ensslin et Ulrike Meinhof.

Cette décapitation d’un mouvement qui s’inspirait des guérillas sud-américaines n’avait donc nullement altéré sa virulence… C’est ce que disait Monsieur X la semaine passée. D’autant que les terroristes qui n’avaient pas encore été arrêtés poursuivaient en priorité un objectif : la libération de leurs camarades emprisonnés.

En 1976, Ulrike Meinhof, épuisée par plusieurs grèves de la faim, mentalement atteinte par des conditions de détention très dures – on a même parlé de torture par l’isolement – met fin à ses jours dans sa cellule. Aussitôt la Fraction armée rouge se déchaîne. Une prise d’otages à l’ambassade allemande de Stockholm se termine dans le feu et le sang. Et un peu plus tard, un commando assassine le procureur général de la République et deux de ses collaborateurs. 15 jours après, à l’issue d’un long procès, Baader et sa compagne Ensslin sont condamnés à la prison à vie. La riposte ne tarde pas : en juillet 1977, le président de la Dresdner Bank est abattu à son domicile. Parmi les assassins, figure sa propre nièce, Suzanne Albrecht…

C’est le début d’une série qui se terminera trois mois plus tard par la mort de Baader, de sa compagne et d’un autre membre fondateur de la Fraction armée rouge… Officiellement, ils se sont suicidés. Mais, rapi-dement, on prétendra qu’ils ont été en réalité assassi-nés. Qu’en est-il ? Et pourquoi la Fraction armée rouge pourra-t-elle sévir jusque dans les années 90 ?…

Programmation musicale :

Luke : La sentinelle
album : « La tête en arrière »
(Le Village Vert . 2004)

Lou Reed : Vicious
album : « NYC Man »
(BMG . 2003)

Kraftwerk : Radio-Activity
(EMI)

Livres :

Markus Wolf
L’Oeil de Berlin : entretiens de Maurice Najman avec le patron des services secrets est-allemands
éditeur : Balland
parution : 1992

Rendez-vous avec X : Irak 1/3, Halabja

Par Patrick Pesnot

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Émission diffusée sur France Inter le 15 octobre 2005

Écouter l’archive audio de cette émission :
[audio:free_audio/RVX/2005/20051015-RVX-cert.mp3]

« Les rendez-vous avec Monsieur X » à retrouver depuis le 1er trimestre 2005 :
– En livre dans une
co-édition France Inter et en CD aux éditions Radio France.


Fiche de l’émission extraite du site de France Inter :

Saddam Hussein devrait en principe être jugé dans quelques jours et on en saura un peu plus sur la totalité des crimes dont il est accusé… Mais le dictateur aura-t-il droit à un procès impartial ? Et n’aurait-il pas été préférable qu’il comparaisse devant un tribunal international ? Comme Milosevic, par exemple.

Et surtout, les magistrats réussiront-ils à démêler l’écheveau de complicités dont Saddam Hussein a bénéficié. Je veux ici parler des Etats et des grandes sociétés qui ont armé l’Irak et contribué à faire de ce pays un vaste camp de concentration où les forces de répression ont tué ou fait disparaître des centaines de milliers de personnes… Terrible bilan que recense un ouvrage collectif récent, « Le Livre noir de Saddam Hussein », préfacé par Bernard Kouchner. L’ancien ministre et co-fondateur de Médecins sans frontières, écrit en particulier, je le cite : « La première arme de destruction massive, ce fut Saddam Hussein. Pendant 35 ans, il s’acharna sur son propre peuple. On compte près de 500.000 disparus, kurdes, femmes et enfants pour la majorité d’entre eux. Plus de 4500 villages ont été rasés. Les fosses communes sont innombrables. 4 millions d’exilés cherchent encore, en 2005, à regagner ce qui reste de leurs foyers. On estime à un million et demi les handicapés des guerres successives et des nombreux attentats, et à des centaines de milliers les chiites assassinés. »

Oui, terrible bilan dont devra répondre Saddam Hussein devant ses juges irakiens. Et parmi tous ces crimes : l’utilisation de l’arme chimique. Non seule-ment contre l’ennemi iranien mais aussi contre son propre peuple. Mais encore une fois, les premiers responsables ne sont-ils pas ceux qui ont aidé Saddam Hussein à construire ce vaste arsenal ? Toutefois, il y a peu de chances que le prochain procès fasse la lumière sur ce point.

Programmation musicale :

Issa : Ez û yarê
album : Ballade kurde à Séville
(Arion . 2000)

Munir Bashir : Iraqi Traditional Music
(Le Chant du Monde . 2005)

Temo : Ji Bote
album : Chants d’exil du peuple kurde
(Ocora/ Radio France . 1991)

Livres :

Chris Kutschera (sous la direction de)
Le livre noir de Saddam Hussein
éditeur : Oh! Editions
parution : 2005

Kenneth R. Timmerman
Le lobby de la mort : comment l’Occident a armé l’Irak
éditeur : Calmann Lévy
parution : 1991

Pierre-Jean Luizard
La question irakienne
éditeur : Fayard
parution : 2002

Rendez-vous avec X : 1974, l’invasion du Timor Oriental

Par Patrick Pesnot

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Émission diffusée sur France Inter le 26 février 2005

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[audio:free_audio/RVX/2005/20050226-RVX-nbce.mp3]

« Les rendez-vous avec Monsieur X » à retrouver depuis le 1er trimestre 2005 :
– En livre dans une
co-édition France Inter et en CD aux éditions Radio France.


Fiche de l’émission extraite du site de France Inter :

Selon la tradition, il s’agit d’un monstrueux crocodile qui, naviguant vers le sud, émergea peu à peu des eaux et se transforma en île. Les anciens expliquent ainsi la création de Timor, une des petites îles de la Sonde, située à quelques 500 kilomètres au nord de l’Australie. Un pays accidenté, tout en longueur, à peu près grand comme la Belgique, mais divisé en deux. A l’ouest le Timor indonésien. A l’est, le Timor-Oriental, indépendant depuis 2002, mais qui a été longtemps une colonie portugaise avant d’être envahi puis purement et simplement annexé par l’Indonésie pendant presque un quart de siècle… Et c’est justement de cette annexion dont Monsieur X veut parler aujourd’hui. Une période terrible pour ce petit pays de 800.000 habitants car on estime généralement que 200.000 Timorais ont payé de leur vie cette colonisation indonésienne. Un quart de la population, donc. Et certains ont pu parler sans exagérer de génocide… Pourquoi un tel massacre ? Pourquoi cette horreur a si longtemps été ignorée par l’opinion mondiale ? Une guerre oubliée menée au nom de quels intérêts ? Monsieur X essaie de répondre à ces questions… Et, au-tant le dire tout de suite, au Timor-Oriental comme dans beaucoup d’autres pays victimes de la violence, il flotte sur cette tragédie une forte odeur de pétrole.

Programmation musicale :

Norazia : Wau Bule
(9 Compactés)

Gentra Pasundan : Kucap-Kicup

Tosca : La Vendeuse des chaussures des femmes

Livres :

Christopher Hitchens
Les crimes de Monsieur Kissinger
éditeur : Editions Saint Simon
parution : 2001

Gabriel Defert
Timor Est, le génocide oublié
éditeur : L’Harmattan
parution : 1992

Frédéric Durand
Timor Lorosa’e, pays au carrefour de l’Asie et du Pacifique

Un atlas géo-historique
éditeur : Presses universitaires de Marne-la-Vallée
parution : 2002

Rendez-vous avec X : Irak 2/3, les armes de destruction massive

Par Patrick Pesnot

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Émission diffusée sur France Inter le 22 octobre 2005

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– En livre dans une
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Fiche de l’émission extraite du site de France Inter :

Mais où sont-elles passées ? Je veux parler des armes de destruction massives, les ADM, que Saddam Hussein est censé posséder… Des armes chimiques, biologiques et même nucléaires que les experts états-uniens ont cherché en vain pendant des mois et des mois après leur facile victoire sur le dictateur irakien… Alors qu’en était-il réellement ? Il faut en effet se rappeler que c’était la présence de ces ADM qui avaient justifié la guerre de Bush. Ça et de prétendues relations entre Saddam Hussein et Al-Qaïda…

Donc les Etats-Unis, malgré des recherches acharnées n’ont rien trouvé. Et pourtant, ces ADM existaient… Au moins avant la guerre du Golfe de 1991 puisqu’il est avéré que Saddam Hussein les a utilisées contre les troupes iraniennes et même contre son propre peuple au Kurdistan, en particulier à Halabja où 5.000 personnes ont été gazées.

Le dictateur irakien, c’est certain, possédait alors un arsenal considérable qui devait beaucoup à certaines firmes occidentales… Nous avons vu cela la se-maine passée avec Monsieur X.

Certes, les inspecteurs de l’ONU, qui ont sillonné l’Irak jusqu’en 1998 ont trouvé un certain nombre de ces armes et les ont détruites. Mais pour Washington, le compte n’y était pas : Saddam Hussein devait forcément avoir caché des quantités importantes d’ADM… Peut-être même en avait-il envoyées clandestinement en Syrie, par exemple… Quoi qu’il en soit, ces armes n’ont jamais été détectées. Et, aujourd’hui, Georges W. Bush, mais aussi son principal allié Tony Blair, sont fortement soupçonnés d’avoir tout inventé. Un mensonge d’Etat sans précédent.

Programmation musicale :

Naab : Oumkeltoum
album : Café mundo
(Universal . 2005)

Patti Smith : When Doves Cry
album : Lands
(Arista Records . 2002)

Abou khalil : Little camels
album : Journey to the centre of an egg
(Enja Records . 2005)

Livres :

Seymour Hersh
Dommages collatéraux, la face obscure de « la guerre contre le terrorisme »
éditeur : Denoël (collection Impacts)
parution : 2005

Jean Guisnel
Bush contre Saddam, l’Irak, les faucons et la guerre
éditeur : La Découverte
parution : 2003

Richard Labévière
Les coulisses de la terreur
éditeur : Grasset
parution : 2003

Rendez-vous avec X : l’affaire Louis Hazan

Par Patrick Pesnot

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Émission diffusée sur France Inter le 5 mars 2005

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[audio:free_audio/RVX/2005/20050305-RVX-lnvr.mp3]

« Les rendez-vous avec Monsieur X » à retrouver depuis le 1er trimestre 2005 :
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Fiche de l’émission extraite du site de France Inter :

« Et si, pour une fois, je vous parlais d’un fait divers ? » m’a dit Monsieur X. Pourquoi pas… Toutefois, je devais m’y attendre, il ne s’agissait pas d’un fait divers comme les autres. Mais n’allons pas trop vite, comme dirait Monsieur X…

L’affaire remonte à 1975… Le rapt de la Saint Sylvestre, comme on l’a appelé. L’enlèvement, en pleine réunion d’état-major, de l’un des personnages les plus influents du show business, le P.-D.G. de Phonogram, filiale de Philips, Louis Hazan, l’éditeur et ami de Johnny Halliday, de Georges Brassens ou encore de Serge Gainsbourg. Les ravisseurs se manifestent assez rapidement et demandent une énorme rançon. Mais ils se font arrêter une semaine plus tard de façon assez stupide qui fait douter de leur professionnalisme. D’où toute une série de questions… S’agissait-il d’un vrai rapt ? Un rapt, comme il s’en commettait alors tant en Italie. Ou bien n’était-ce qu’un simulacre ? Une opération en trompe-l’œil destinée à escroquer Phonogram avec des complicités intérieures… Et, disons-le tout de suite, comme trop souvent, malheureusement, c’est la victime, Louis Hazan, qui ne tardera pas à être traité en suspect par la presse et les vrais coupables… Une attitude qui n’est pas trop étonnante, car elle permettait de jeter un rideau de fumée sur les véritables motivations des uns et des autres…

Enfin, que penser de l’obstination de la police et de la Justice à ne voir dans cette affaire qu’une opération purement crapuleuse ? Et à dissiper toutes les implications politiques, alors même que plusieurs des protagonistes étaient des extrémistes notoires ?… Aujourd’hui encore, cette affaire demeure mystérieuse. Dans un instant, Monsieur X tente d’y voir plus clair.

Programmation musicale :

Johnny Hallyday : Les coups

Carte de séjour : Douce France
album : Carte de séjour 2 1/2
(Barclay)

Orchestral Drama : Desolate Village
album : Night at the B Movies
(Mediamusic)

Livres :

Paul Barril
L’Enquête explosive
éditeur : Flammarion
parution : 2000

Frédéric Charpier
Génération Occident
éditeur : Seuil
parution : 2005

Rendez-vous avec X : Le Timor Oriental

Par Patrick Pesnot

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Émission diffusée sur France Inter le 3 septembre 2005

Écouter l’archive audio de cette émission :
[audio:free_audio/RVX/2005/20050903-RVX-msrf.mp3]

« Les rendez-vous avec Monsieur X » à retrouver depuis le 1er trimestre 2005 :
– En livre dans une
co-édition France Inter et en CD aux éditions Radio France.


Fiche de l’émission extraite du site de France Inter :

Selon la tradition, il s’agit d’un monstrueux crocodile qui, naviguant vers le sud, émergea peu à peu des eaux et se transforma en île. Les anciens expliquent ainsi la création de Timor, une des petites îles de la Sonde, située à quelque 500 kilomètres au nord de l’Australie. Un pays accidenté, tout en longueur, à peu près grand comme la Belgique, mais divisé en deux. À l’ouest le Timor indonésien. À l’est, le Timor-Oriental, indépendant depuis 2002, mais qui a été longtemps une colonie portugaise avant d’être envahi puis purement et simplement annexé par l’Indonésie pendant presque un quart de siècle… Et c’est justement de cette annexion dont Monsieur X veut parler aujourd’hui. Une période terrible pour ce petit pays de 800 000 habitants car on estime généralement que 200 000 Timorais ont payé de leur vie cette colonisation indonésienne. Un quart de la population, donc. Et certains ont pu parler sans exagérer de génocide… Pourquoi un tel massacre ? Pourquoi cette horreur a si longtemps été ignorée par l’opinion mondiale ? Une guerre oubliée menée au nom de quels intérêts ? Monsieur X essaie de répondre à ces questions… Et, autant le dire tout de suite, au Timor-Oriental comme dans beaucoup d’autres pays victimes de la violence, il flotte sur cette tragédie une forte odeur de pétrole.

Mou du genou…

Ça part quand même d’une bonne idée : montrer le décalage des préoccupations entre une « entreprise-commerciale-qui-gagne-dans-la-mondialisation-heureuse-pour-l’avenir » d’une part, et un « service-public-vieillot-qui-refuse-la-modernité-et-qui-est-trop-fonctionnarisé » d’autre part.

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Parce qu’effectivement, l’état d’esprit un peu pépère de certains personnels de la poste montrés, et j’insiste sur ce dernier mot, dans le document en question, démontre bien comment il a été facile pour les parangons du discours « efficacité de la concurrence privatisation » d’endormir le débat et spolier une fois de plus les citoyens de ce pays.

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On aurait aimé y voir traité le dossier de l’épargne des ménages (qui fait baver les vendeurs de services d’investissement de vol sur les marchés financiers et que Nicolas Sarkozy voudrait bien voir dépensé en consommation et « investi » en bourse), de la « captivité » des usagers désormais devenus malgré eux « clients », le fait que des privés, des secrétaires de mairies ou autres vont avoir accès aux comptes des clients (en milieu rural, j’ose à peine imaginer les conséquences de ce « détail »)…

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On aurait aimé aussi y voir traité le chantage ordurier exercé sur les maires qui ont tenté de s’opposer à la réduction des services et à la privatisation de la poste : du genre « si vous l’ouvrez trop, le service (APC) sera déplacé dans la commune voisine »…

Enfin, on aurait aimé y voir à quel point il est ridicule de voir les services déplorables des transporteurs privés (exploités en chaînes de sous-traitance à n’en plus finir) « couiner » et « chouiner » pour mal faire ce que le service public de la poste réussi quotidiennement et discrètement, quelles que soient les conditions météo, depuis sa création, quand il faut livrer des petits colis et des plis à plus de 10 kilomètres d’un centre urbain…

Entendons-nous bien, j’aurais bien aimé que la démonstration soit efficace pour montrer à quel point les tenants de la privatisation des services publics se moquent du monde. Or là, je trouve que l’exercice n’est pas très bien réussi, voir carrément « mou du genou ».

Bon, ceci dit, il est super ce documentaire, il faut absolument le voir :
« La Poste, un drôle de pli »

Documentaire de Marie-Pierre Jaury (2006), d’une série en trois épisodes « Service public » de Gilles Balbastre, produite par Point du jour. 50 min

Les images insérées ici sont évidemment © Marie-Pierre Jaury, Gilles Balbastre, Point du jour ou France 5.
Archive personnelle MPEG2, SD, 1014 Mo, enregistrés le 16/03/2006 sur France 5.

Mou du genou…

Ça part quand même d’une bonne idée : montrer le décalage des préoccupations entre une « entreprise-commerciale-qui-gagne-dans-la-mondialisation-heureuse-pour-l’avenir » d’une part, et un « service-public-vieillot-qui-refuse-la-modernité-et-qui-est-trop-fonctionnarisé » d’autre part.

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Parce qu’effectivement, l’état d’esprit un peu pépère de certains personnels de la poste montrés, et j’insiste sur ce dernier mot, dans le document en question, démontre bien comment il a été facile pour les parangons du discours « efficacité de la concurrence privatisation » d’endormir le débat et spolier une fois de plus les citoyens de ce pays.

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On aurait aimé y voir traité le dossier de l’épargne des ménages (qui fait baver les vendeurs de services d’investissement de vol sur les marchés financiers et que Nicolas Sarkozy voudrait bien voir dépensé en consommation et « investi » en bourse), de la « captivité » des usagers désormais devenus malgré eux « clients », le fait que des privés, des secrétaires de mairies ou autres vont avoir accès aux comptes des clients (en milieu rural, j’ose à peine imaginer les conséquences de ce « détail »)…

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On aurait aimé aussi y voir traité le chantage ordurier exercé sur les maires qui ont tenté de s’opposer à la réduction des services et à la privatisation de la poste : du genre « si vous l’ouvrez trop, le service (APC) sera déplacé dans la commune voisine »…

Enfin, on aurait aimé y voir à quel point il est ridicule de voir les services déplorables des transporteurs privés (exploités en chaînes de sous-traitance à n’en plus finir) « couiner » et « chouiner » pour mal faire ce que le service public de la poste réussi quotidiennement et discrètement, quelles que soient les conditions météo, depuis sa création, quand il faut livrer des petits colis et des plis à plus de 10 kilomètres d’un centre urbain…

Entendons-nous bien, j’aurais bien aimé que la démonstration soit efficace pour montrer à quel point les tenants de la privatisation des services publics se moquent du monde. Or là, je trouve que l’exercice n’est pas très bien réussi, voir carrément « mou du genou ».

Bon, ceci dit, il est super ce documentaire, il faut absolument le voir :
« La Poste, un drôle de pli »
Documentaire de Marie-Pierre Jaury (2006), d’une série en trois épisodes « Service public » de Gilles Balbastre, produite par Point du jour. 50 min

Les images insérées ici sont évidemment © Marie-Pierre Jaury, Gilles Balbastre, Point du jour ou France 5.
Archive personnelle MPEG2, SD, 1014 Mo, enregistrée le 16/03/2006 sur France 5.

Plan B

C’est dommage que le jour où Stephane Paoli reçoit un type hautement intéressant, en l’occurrence le Président de la ligue algérienne des droits de l’homme (qui du coup ne sert vraiment que de faire valoir à S. Paoli mais bon, c’est une autre histoire), les lecteurs du Plan B déjouent la très filtrée « libre antenne » pour s’en prendre à S. Paoli.

La réaction de S. Paoli a été une confirmation, s’il en fallait une, que le roi ne supporte pas la critique. Édifiant : c’est mon journal, je vous donne la parole, mais si vous jouez avec, je vous l’enlèverai. Ce n’est pas ce qu’il a dit, mais c’est bien ce qu’il a voulu qu’on comprenne. D’ailleurs on sentait bien que les autres personnes autour de lui étaient soulagées quand il a corrigé le tir de sa verve à la fin de l’émission… Colérique le garçon hein ? !

Donc dommage, mauvaise « pub » pour le Plan B

Quoique ;-)

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Vous pouvez vous rattraper en allant commander le Plan B et vous abonner !

Et si vous voulez de quoi lire d’ici à ce que vous receviez votre exemplaire (c’est un peu long à arriver), allez lire ACRIMED c’est toujours « plaisant », et puis aussi, j’ai envie de dire surtout, allez lire CQFD et ABONNEZ-VOUS !

L’extrait :

Archive personnelle enregistrée le 13/03/2006 sur France Inter.

Audio AAC 64 kbps 57,3 Mo 20060313_FInter – 7_9 de 2 h02 min.

Dette de la France

J’ai reçu une éducation pas toujours équilibrée, pas toujours facile, mais j’ai longtemps cru que travailler décemment, être honnête, respecter ses engagements, réfléchir, user d’une certaine créativité, et respecter les autres, suffisait à se mettre en situation de vivre décemment, d’avoir de l’autonomie, d’être à peu près, si ce n’est à l’abri, du moins de se tenir loin des problèmes…

Il y a un décalage cynique entre ces valeurs et la réalité.

Aujourd’hui, une excroissance parasite maligne de la société du commerce et des échanges a peu à peu réussi à convaincre, abusivement, que c’était elle qui détenait les clés de la vérité et qui devait décider de l’intérêt et du droit d’existence de tous les autres corps de la société, à toutes les échelles.

Ce sont ces « parasites », improductifs et inutiles, qui aujourd’hui décident de la valeur et des droits de tous ceux qui produisent de la richesse et de la valeur, et qui fondent la richesse d’un pays, d’un état, d’une nation : les producteurs, les transformateurs, les commerçants, ainsi que ceux qui soignent, protègent, participent de l’éducation et organisent pour le bien de tous (et qui donc créent aussi de la richesse).

Inutiles ceux qui se lèvent à 4 heures du matin pour aller traire, ou aider un vêlage.

Inutiles ceux qui veillent et accueillent pour soigner sans condition et avec dévouement…

Inutiles ceux qui posent le chauffage, qui coupent le bois, qui fabriquent les tables, cousent les vêtements…

Inutiles les infirmières, les ouvriers, las cantonniers, les petits entrepreneurs, les commerçants…

Inutiles, remplaçables, malléables, corvéables…

Ces nouveaux parasites ont réussi à monter l’une contre l’autre les deux faces d’une république : ceux qui créent la richesse et ceux qui protègent et servent la première de manière, en principe, impartiale et désintéressée.

Pour pouvoir obtenir rapidement et inconditionnellement plus de biens éphémères et futiles, ces inutiles ont adroitement convaincu les producteurs de biens, de valeurs, de richesses, que les hommes et les femmes désintéressés qui les protègent, les soignent et s’efforcent sincèrement d’apporter à leurs enfants un minimum d’outils intellectuels pour ne pas finir en chair à canon, n’étaient que des oisifs improductifs et donc inutiles.

Ce faisant, ils ont vendu les chimères de la facilité, du luxe clinquant, et de l’individualisme aux productifs en leur faisant croire qu’en tuant la moitié d’eux-mêmes qui les sert et les protège, ils pourraient chacun individuellement accéder à un monde de bien-être, de richesse de biens et de confort éternel.

Qu’importe si de par le monde leur travail a détruit les nations, les peuples et les économies, semant famine, guerres et misère.

Pour s’assurer que nul contradicteur ne viendrait entraver leurs desseins, ils ont sélectionné quelques privilégiés qu’ils ont grassement pourvus, afin que ceux-ci s’emparent du pouvoir. Non pas directement le pouvoir en renversant celui des urnes, mais le pouvoir qui influe sur les consciences et les choix.

Les voilà donc qui s’emparent des sources d’information en les transformant en flux continus de message abscons et incohérents qui endorment les pensées, les laissant disponibles pour des idées « saines » : travaillez en prenant ce qu’on vous concède, consommez sans regarder, dormez…

Aujourd’hui que les effets de cette besogne commencent à se faire de plus en plus sentir, et que de plus en plus éreintés, les « producteurs de richesses » cherchent à redresser la tête et commencent à demander des comptes, veulent savoir où part le fruit de leur labeur, ils détournent les regards qui se tournent vers leurs insolentes accumulations, en leur répondant que c’est le fardeau de ceux qui les servent et qui les protègent qui est inutile et dont il convient de se débarrasser.

Pour s’assurer de pérenniser la prise de pouvoir, ils promeuvent régulièrement de nouveaux commissaires de conscience qu’ils laissent approcher de leur cercle de pouvoir, en leur faisant miroiter un accès possible au Saint des Saints contre encore un coup de cravache sur la tête des travailleurs.

Ces kapos serviles sont d’autant plus prompts à être furieux que leurs intelligences limitées se voient constamment contredites par le monde qui les entoure et dont ils cherchent à s’extraire par tous les moyens, avant d’être eux aussi entraînés dans l’abîme qu’ils feignent d’ignorer.

Enfin, pour perdre en conjecture et désespérer ceux qui cherchent d’autres voies, ils exacerbent les tensions entre les minorités, renforceront les communautarismes, et jetteront à leur face quotidiennement des images visant à leur faire peur, à les croire cernés, envahis, en sursis…

Les pyromanes vont de par le pays, l’Europe et le monde se montrer en négociateur face à la caméra tout en déployant tous les trésors de leurs ressources pour semer les incendies qui vont diviser pour mieux prendre de l’ascendant. Qu’importe si les peuples aspirent à la paix, à la réconciliation et vivre…

Aux gémonies les écoles, les hôpitaux, les réseaux, la sécurité et l’énergie toutes ces choses qui ne sont que « marchés ».

Les producteurs de richesses au lieu de se demander pourquoi ceux qui les « servent » ne parviennent plus à le faire (après de multiples « réformes » destinées à achever le patient à chaque fois un peu plus malade), préfèrent le discours rassurant de la cravache, seriné sur tous les tons.

Il n’est pas jusqu’au bras armé chargé de la sécurité de tous les citoyens qui ne se laisse endormir par les discours de la tentation facile : valorisée dans les discours des propagandistes les plus acharnés, qui par ailleurs s’efforcent de susciter la haine contre ces serviteurs de l’ordre et de la loi, ceux qui donnent leur vie pour servir la nation n’auront même pas le temps de se retourner que leur pouvoir leur sera retiré, par la loi, par le pouvoir :

Les milices ne sont pour l’instant que municipales, mais bientôt, après 2007, viendra l’heure de la sous-traitance en matière de sécurité !

Des bouffons de ces sociétés du spectacle reviennent régulièrement ratisser et balayer à gauche comme à droite ceux qui s’éloignent vers d’autres pensées. Au moment du choix important, ils sauront comme à la dernière présidentielle, vous enjoindre de sauver la république en plébiscitant à reculons un dictateur qui n’en demanderait pas tant.

Hormis quelques militants embrigadés et les pourvoyeurs de prêt à penser, quel peuple de gauche, désireux de liberté et d’égalité, a souhaité le retour des caciques suffisants et incapables et de leurs héritiers déjà rejetés à plusieurs reprises…

Hormis quelques militants embrigadés et les pourvoyeurs de prêt à penser, quel peuple conservateur a souhaité que les valeurs républicaines et de la loi soient bafouées par des repris de justice, des menteurs et des manipulateurs.

Ceux qui inondent les cerveaux préparent un dessein particulier : offrir un non-choix afin de laisser une minorité de militants choisir ceux qui verrouilleront définitivement et en toute légalité le pouvoir et le feront muer en dictature constitutionnalisée. Entre la peste, le choléra et la famine, qu’allez-vous choisir ?

La démocratie n’est pas un droit, c’est un combat.

C’est une lutte quotidienne contre le prêt à penser, l’ignorance et surtout, la facilité.