C’est bien beau de faire des grands discours sur la « fracture sociale », la « fracture numérique »… Mais ce n’est pas en privatisant France Télécom que ce dernier va investir dans les zones non rentables. Encore une contradiction que tout citoyen devrait faire payer cher à son député…
Ça me fait toujours sourire (jaune) quand j’entends des gens en milieu rural se plaindre du fait que France Télécom ne veut pas venir, ne s’occupe pas du problème de ceci, ne veut pas investir là, etc. En général, ce sont ceux qui ont voté pour un député UMP en 2002 (et PS avant d’ailleurs), ils devraient donc lui demander pourquoi France Télécom, pardon, Orange, à du mal à mettre la main au portefeuille pour ne pas abandonner les territoires ruraux (et entre autres aussi les hôpitaux, mais j’y reviendrais en parlant du dernier film de Christian Tran : « Le temps de l’urgence »).
Et de fait, l’Internet dont parlait Jacques Chirac en campagne électorale, et dont Nicolas Sarkozy parle aujourd’hui, eh bien, non, justement, en zone rurale, c’est fou le nombre d’endroits où ça ne passe pas, et où ça ne risque pas de passer avant un bon moment (sauf à demander aux collectivités de payer, alors qu’avant, c’étaient les zones rentables qui finançaient celles qui ne le sont pas).
Il faut donc se débrouiller tout seul, comme d’hab.
Pour une toute petite entreprise qui fait dans les services dématérialisés des nouvelles technologies, une bonne connexion Internet, c’est un bon moyen de se rendre hors des agglomérations, voir dans les zones les plus éloignées, par extension, ça permet à beaucoup d’indépendants et de sociétés de services de maintenir des activités dans des zones rurales…
ADSL, WiFi & Satellite
En l’absence de connexion ADSL à proximité, il y a un FAI par satellite qui offre un excellent rapport qualité/prix. Avec les connexions bidirectionnelles par satellite, en tout cas, pour les premiers niveaux d’accès, il faut impérativement exclure le transfert au-delà de quelques gigas par mois. Ces connexions sont tout à fait adaptées pour surfer quotidiennement à plusieurs, échanger des fichiers de quelques dizaines de mégas, etc., le tout de manière confortable.
Flux multimédias
En revanche, pas de flux continus (radio, vidéo, etc.) sur ce type de connexion, même s’il n’y a pas de limitation définie comme telle, la notion de Qos permet de réduire le débit disponible de manière très significative, en réduisant la priorité, dès lors que l’on a dépassé un quota de données, en upload comme en download.
Concrètement, vous pourrez par exemple bénéficier de 512 kbps tant que vous n’aurez pas téléchargé 1 ou 2 Go de données pendant 30 jours (attention, en jours glissants). Dès que vous aurez atteint votre quota, votre « priorité » va baisser en vertu de la fameuse Qos, et vous allez vite vous retrouver avec un débit réduit à quelques kbps.
Téléphonie et conférences vidéo
Cette technologie ne permet pas des télécommunications satisfaisantes du point de vue téléphonie ou chat vidéo, principalement en raison du ping : pour simplifier, lorsque vous parlez, votre voix va parcourir 2 fois 36 000 km avant de rejoindre internet, et la réponse de votre interlocuteur de même. Comptez donc un minimum ne pouvant pas descendre en dessous du temps nécessaire pour que le signal parcoure (4 x 36 000 km) 144 000 km pour un simple aller-retour (requête réponse). Physiquement on ne peut donc pas descendre en dessous de la demi-seconde, au mieux, sachant que les différents routages rajoutent quelques millisecondes à l’ensemble.
Bases de données et FTP
J’ai tenté par tous les moyens de travailler sur des bases de données distantes partagées, notamment FileMaker, et là, en raison du ping justement, c’est le cauchemar. Le problème se pose de la même façon pour la publication Web via FTP. Pour ces deux utilisations, il vaut nettement mieux se tourner vers l’ISDN (Numéris™ en France) si c’est possible. Même avec un débit disponible nettement inférieur, la réactivité (ping réduit) reste plus importante.
VPN
J’ajoute que, en tout cas pour ce qui des offres de ce FAI, j’ai pu utiliser une solution VPN logicielle (RSA SecureID en l’occurrence) via Mac OS X, vers des serveurs US, sans souscrire une offre particulière auprès du FAI. Avec un bémol toutefois, dans ce cas-là, le débit disponible ne dépassait pas au mieux les 50 kbps.
La notion de priorité en fonction d’un quota de données, introduite dans le Qos, fait que pour un accès mutualisé, comme par exemple un petit réseau WiFi dans un village, une connexion bidirectionnelle par satellite est totalement inadaptée, sauf à disposer d’une offre spécifique pour cet usage :
Quelques particuliers échangeant quelques mails, des photos et surfant sur le Web, plus une ou deux PME, sur un accès satellite bidirectionnel classique, tournera vite au cauchemar. Le cas typique dans ce cas, c’est la mise à jour des logiciels : si vous avez une dizaine d’ordinateurs sur plusieurs sites, derrière un accès satellite mutualisé avec un quota de 2 Go de données, il suffit d’une mise à jour système de 120/150 Mo (ce qui n’est pas rare) et vous atteindrez le quota en quelques jours, et devrez attendre la fin des trente jours avec un débit inférieur à celui d’une connexion par téléphone !
Enfin pour finir sur la connexion, celle de mon FAI en tout cas, je dois avouer que j’ai été très surpris de la stabilité exceptionnelle de la connexion !
J’ai des conditions météo assez rudes en hiver (hauts plateaux ardéchois) avec des températures descendant à -20°, des brouillards givrants, des chutes de neige ponctuelles pouvant être très importantes, des tourmentes neigeuses de plusieurs jours, etc. Pas une seule déconnexion ! Quand la réception depuis ASTRA (CanalSat) était complètement perturbée par la charge neigeuse dans l’air, la connexion Internet elle au pire, perdait quelques dizaines de kbps ! Bon, en hiver, j’ai dû dégager la parabole une dizaine de fois, mais bon…
À suivre : ADSL + réseau WiFi :