Le cœur au bord des yeux.

Voilà maintenant neuf mois que j’ai totalement bouleversé ma vie.

En septembre, j’ai pris le parti de ne pas, une année encore, regarder tomber la neige par la fenêtre, et prendre le risque de ne rien faire, comme en attendant je ne sais quoi. La réalité des égoïsmes et des incapacités des uns et des autres à s’impliquer ont fini par avoir raison de mes optimismes et de mes combats. J’ai tout abandonné, et comme dans les romans tragiques, pris mon enfant contre moi en le serrant très fort, fermé la porte derrière moi, et forcé le destin vers l’inconnu.

J’ai eu plus de vies qu’un chat.

En quelques jours j’ai encore une fois remis toute ma vie à zéro, ou à moins… Moins quelque chose. Au moment de repartir, il m’a fallu faire un choix fondamental : à recommencer toute ma vie, vers quoi devais-je aller ? Le choix d’une empreinte, le choix d’un fil rouge, le choix… Il me fallait partir et ne pas savoir ce qu’il allait advenir, mais au moins il me restait une seule possibilité, choisir ce que je ne voudrais plus. Reconstruire sur mes valeurs.

« Raindrops Keep Falling On My Head »

En quittant ces montagnes et ma vie, je ne pensais pas parcourir un tel chemin.

Bien des tentatives de déstabilisation ont été menées par celles et ceux qui n’ont pas su entendre, et comprendre, combien il m’a fallu d’énergie pour faire de mes échecs, de mes impuissances, de tout ce que j’avais perdu, des moteurs pour repartir à zéro. Je revois encore les pleurs, les colères, les jugements et les incompréhensions face à la seule possibilité qui me restait, aller de l’avant.

À présent que la première partie de cet effort et de ces abandons arrive à son terme, qu’une première étape semble enfin franchie, je sens que ma force s’émousse, comme un nageur épuisé sent sa force s’échapper alors qu’approche enfin la rive ; et bien des fois me faut-il encore redresser la nuque et puiser au fond de moi les ressources pour ne pas faiblir et surtout, surtout, ne pas montrer que ma fragilité, et ma sensibilité, sont plus que jamais, toujours là.

« Tout le monde passe sa vie à chercher frénétiquement une personne devant laquelle pouvoir librement se foutre à poil et sangloter, mais personne ne veut se l’avouer. »

Pour écrire aujourd’hui ces mots, je ne sanglote pas, mais je n’ai pas envie d’avoir mal. Devant un miroir, nous sommes seuls.

« Killing Me Softly With This Song »

En entendant « Moi Plus Vouloir Dormir Seule » de Daphné, je revois ces années, de quête et de tristesse, où l’on m’a décrit comme un « homme pendu dont les yeux sont dévorés par les corbeaux », années où plus ma sensibilité s’exprimait, et plus « les autres » s’éloignaient de moi.

« Comment ça va ? »

« Mal » répondais-je alors. Et combien de fois ai-je vu mes amis, mes proches et mes partenaires baisser les yeux, ne sachant plus que faire et gêné d’avoir entendu la simple vérité. S’ils ne voulaient pas l’entendre pourquoi avaient-ils posé la question ? Aujourd’hui encore, je me refuse à mentir et me contente quand je sais que la réponse sera gênante, de répondre comme si c’était une autre question qui m’avait été posée. Je gère les embarras des autres.

Pour amener l’autre à poser un regard ouvert et sincère sur la personne que l’on est vraiment il faudrait donc le tromper, dans un jeu de faux-semblants auquel finalement personne ne croit ?

Pourtant, c’est une force.

Oui, j’ai besoin de laisser s’exprimer ce qui est en moi, car ce qui est ce qui fonde ma valeur, mes valeurs et le sens que je donne à ma vie, à mes engagements. Il me faudrait à la fois taire ce que je suis, pour accomplir mes tâches, faire bonne figure et convaincre, et être sensible et attentif, pour ne pas me dévoyer et me laisser prendre au jeu de la servilité. Lors d’un échange avec de célèbres cartographes, ils ont répondu que pour pouvoir changer les choses, il fallait parfois taire ce que l’on croit pour atteindre les lieux d’où l’on pourrait agir.

Mais n’est il pas illusoire de tenter de construire une société contre ses propres valeurs ? Si je tais ce qui m’anime, je ne propose donc pas un autre contrat pour fonder une autre façon de vivre, n’est-ce donc pas une forme de renoncement ?

C’est bien là un étrange paradoxe : comment peut-on faire confiance à quelqu’un qui ne doute jamais ? En s’encrant sur des certitudes, des acquis et des habitudes, on passe souvent à côté des choses, on perd parfois le sens des réalités. Pourtant, celui qui va exprimer ses doutes et s’attacher rigoureusement et à force de travail, à tout faire pour s’assurer d’éclaircir les choses, va paraître aux yeux de tous comme celui étant peu fiable car il apparaîtrait en exprimant ses doutes comme ne « maîtrisant » pas la situation.

La maîtrise est une illusion, elle nous tue à petit feu, nous endort comme le sucre endort nos sens en nous détruisant.

En amour comme dans l’intendance du quotidien, dans le travail comme dans la recherche, chaque jour apporte un nouvel éclairage, et des multitudes de possibilités. Être sûr de soi, de sa propre valeur, n’a rien à voir avec l’assurance affichée dans le paraître, le paraître vise à convaincre sur des illusions, au fond il n’est qu’une perversité, une manipulation.

Pour avoir droit même à l’amour, faut-il avoir l’air fort et assuré ?

Alors même que les moments les plus tendres et les plus profonds de l’amour s’échangent sans la retenue et les faux-semblants du paraître, pour peut-être atteindre ces instants, il faudrait faire croire que… Ils sont pourtant nombreux les moments où maintes et maintes fois sont exprimés les désirs d’amour et de partage, le besoin de sensibilité et d’abandon.

Dans un monde sans foi ni loi, les « âmes sensibles » se font écraser par ceux qui au-dessus d’eux, vengent leurs petites amertumes, et sont partagés entre petites victoires amères et soumissions serviles au système qui les écrase ; et peu nombreux sont ceux qui ne choisissent pas le camp de la complicité et osent se tourner vers le respect, la compassion, la générosité. Contrairement à ce que la loi d’airain laisse entendre, faire le choix du respect et de la générosité est le chemin le plus difficile, celui qui demande le plus de travail, le plus de rigueur, le plus d’engagement, le plus de transversalité, le plus d’écoute, le plus de force, le plus de compétence, mais il faut l’avoir fait ce choix, pour le comprendre.

Celles et ceux qui écrasent sont les perdants.

Ils ne connaitront jamais le bonheur simple et la satisfaction de s’être accompli, ils n’auront jamais joui de l’abandon et de la richesse de la caresse donnée et reçue sous la confiance, ils ne sauront jamais ce que c’est que de « dormir du sommeil du juste » et aucune de leurs petites victoires amères ne les réconforteront face au miroir ou au moment où ils seront assailli par l’angoisse du dernier souffle.

Bien des fois aujourd’hui, on me demande de pas montrer, de ne pas dire, de ne pas être sincère, pour « gagner », pour convaincre. Je devrais à nouveau reconstruire une vie professionnelle en taisant ce que je suis, comme si mes sentiments et mes valeurs allaient contre mes compétences et mon engagement. Le monde crève lentement mais sûrement de cette attitude, mais il faudrait continuer…

Dans ce cas, où donc est l’humanité du troisième millénaire ? Celle qui va redonner un avenir à nos humanités ?

Nos vies, dans le travail comme au plus profond de leur intimité, doivent-elles donc être vouées à être faite d’injonctions perpétuellement contradictoires ?

[edit: 09/2015]

Gestation d’une société coopérative…

Lorsque je rédigeais les statuts de la SCIC que nous voulions alors créer en 2007, je le faisais en inscrivant noir sur blanc le fil de ce en quoi je crois, ce qui fait sens dans ma vie. Les nombreux débats que nous avions eus à l’époque m’avaient amené à formuler le préambule, la charte et les statuts du projet en y formulant ce qui me paraît être aujourd’hui le seul modèle économique valable pour toute action de création, de développement, de production et de commercialisation de biens et de services.

wpid-coverpage_statuts_scic_gerbier-2010-09-5-09-29.jpg

Extraits :

« CHARTE du Projet

(…)

Cette charte prend en compte l’ensemble des besoins et des liens qui tissent un territoire, son patrimoine, ses acteurs de développement et ses résidents. Ces engagements s’inscrivent dans un projet de vie (développement ?) durable et d’aménagement du territoire.

L’ensemble des adhérents/sociétaires se fixe comme objectifs les points suivants : respect de l’environnement, qualité des produits, qualité des services, action collective, soutien à l’agriculture paysanne.

La démarche comporte plusieurs approches :

Approche sociale :

Recréer, développer et soutenir les échanges et les concertations entre le milieu agricole, les autres acteurs de développement et les consommateurs (particuliers, collectivités) dans une démarche de proximité visant à renforcer notamment un tissu rural local. Garantir le respect des droits élémentaires et fondamentaux de la personne, refus de l’exploitation des producteurs, respect des droits sociaux du travail (repos hebdomadaire, hygiène, sécurité et santé) et de la protection des enfants dans le travail…,

Approche économique :

L’objectif est de développer des filières de proximité créatrices d’emploi (en favorisant un partage équitable de la valeur ajoutée et une juste rémunération des opérateurs). Pratiquer une politique commerciale de « prix minimum garanti » permettant une juste rémunération des producteurs et des salariés pour subvenir décemment à leurs besoins et à ceux de leurs familles, et s’inscrivant dans un objectif de rentabilité économique de l’activité de production.

Approche territoriale et environnementale :

De nombreuses initiatives sont apparues localement afin de travailler au développement d’une agriculture durable, respectueuse de l’environnement (respect de l’eau, des sols, des paysages). La coopérative s’engage à soutenir ces démarches et favoriser la création de nouvelles activités complémentaires.

Approche éducative :

Volonté de sensibiliser les élus, les gestionnaires, les producteurs et les consommateurs sur les relations entre les modes de production et de consommation des produits alimentaires et de consommation courante, y compris en restauration collective, dans le milieu scolaire, auprès des enseignants et des parents d’élèves…

Les différents acteurs s’engagent à soutenir, par leurs choix de consommation, un cahier des charges commun visant aux objectifs suivants :

Dans le domaine agricole (production, transformation, distribution) :

• Mode de production exempt de tout produit chimique de synthèse (pesticides, engrais de synthèse),

• Maintien de la fertilité des sols par des méthodes écologiques : rotation des cultures, utilisation d’engrais verts…,

• Diversification des productions sur les domaines.

• Participation au sauvetage du patrimoine génétique et à la défense de la semence fermière.

• Exclusion totale, à tous les niveaux des filières, des OGM (Organismes Génétiquement Modifiés),

• Respect du bien-être animal

• Maintien d’un lien au sol pour l’alimentation animale,

• Liaison au sol de l’élevage obligatoire, les surfaces doivent permettre un accès au plein air des animaux et assurer tout ou partie de leur alimentation et de l’épandage de leurs déjections.

• Protection de l’environnement des domaines en rétablissant les équilibres écologiques (haies, protection de la faune et de la flore…).

• Promotion de la transformation à la ferme et des formes de commercialisation qui responsabilisent producteurs et consommateurs et induisent une dynamique sociale (exemple : fixation des prix).

Dans le domaine environnemental et des énergies :

• Réduction des déchets et de la consommation énergétiques à toutes les étapes de production, de transformation et de transport.

• Promotion de la revalorisation des déchets, notamment par la cogénération.

• Privilégier la proximité pour les ventes afin d’éviter au maximum les pollutions des transports et favoriser le dialogue entre producteurs, consommateurs, transformateurs et distributeurs.

Dans le domaine social :

• Privilégier les domaines à dimension humaine, source de main-d’œuvre, où chacun peut conserver sa dignité et trouver son épanouissement.

• Refus de tout système commercial qui pratique la politique de l’écrasement des prix.

• Création de liens entre les consommateurs et les producteurs par l’organisation de rencontres, visites, dégustations.

• Promotion des productions et transformations locales et artisanales respectueuses de l’environnement.

• Actions sociales et interventions pour encourager et développer les initiatives publiques ou privées répondant aux mêmes objectifs.

Mode d’action :

L’ensemble de ces approches se réalisera sous la forme d’actions complémentaires :

A — Un « point de vente coopératif » de type coopérative de distribution de produits (biologiques, écologiques ou respectueux de l’environnement), provenant soit du plateau ardéchois, soit des zones géographiques les plus proches si les produits ne sont pas disponibles sur le plateau.

Ce point de vente distribuera de manière plus générale des produits courants (épicerie, produits nettoyants, etc.) issus de filières respectueuses de l’environnement.

(…)

B — Un système de soutien à la transformation coopérative visant à regrouper, soutenir et cofinancer les groupements de producteurs adhérents souhaitant créer des ateliers de transformation.

(…)

C — Un système de soutien à la distribution équitable de type « circuits courts » favorables aux producteurs et aux consommateurs :

« Paniers maraîchers » en livraison régulière directe par les producteurs adhérents de la SCIC (selon des contrats avec les consommateurs adhérents),

« Groupement d’achat » qui pourra proposer des commandes collectives en gros ou demi-gros pour les produits de producteurs paysans ou artisanaux non locaux.

(…)

D — Des « services coopératifs » visant à permettre des échanges solidaires :

Ces services organisés dans le cadre de la coopérative, avec éventuellement le soutien des moyens de la coopérative, consisteront en l’organisation et à la mise en œuvre d’une partie des actions de la société coopératives, ainsi que d’autres services d’échange entre les adhérents de la coopérative.

Ces services pourront être valorisés par l’attribution de parts dans la société, ou permettront de bénéficier d’une réciprocité de la part d’autres coopérateurs. »

Discours de campagne

Le 20 mars, un ami américain apparemment très ému m’invite à écouter le discours de Barack Obama « A More Perfect Union » tenu je crois, le 18 mars à Philadelphie.

Malgré le petit échange que j’ai eu avec Philippe sur le sujet, ma position n’a pas changé : Barack Obama est le fruit d’un système, et s’il croit ce qu’il dit et souhaite vraiment le mettre en œuvre, son accession à la Maison Blanche provoquerait un séisme politique sans précédent dans l’histoire des états unis. Mais l’omniprésence de dieu, la certitude que seuls les États-Unis sont un vrai pays démocratique où tout est possible (merci pour nous), et la réutilisation du mythe des pères fondateurs me font plus que douter du devenir et des fondamentaux de cette entreprise.

wpid-Obama-2008-03-22-08-14.jpg

Mais pour le moment, au-delà du scepticisme qui m’habite, je me sens obligé de saluer et de savourer la qualité de l’orateur et surtout sa capacité à mettre des mots sur les attentes d’un peuple et des communautés qui le composent, à vouloir passer à l’étape suivante de son histoire.

Sur la nécessité de se regarder en face et d’assumer sa propre histoire, et en particulier ses périodes les plus sombres, sur l’ampleur des défis sociaux, économiques et environnementaux, auxquels ils indispensable de s’atteler immédiatement, sur la nécessité de retrouver un véritable fonctionnement démocratique débarrassée des lobbies… Sur tous ces points, l’amplitude et la force des positions de Barack Obama sont sans équivalents et offrent un espoir immense.

wpid-messie-2008-03-22-08-14.jpg

Et pour un français qui écoute atterré les discours de son président, l’amertume est au moindre tournant de chapitre : Les discours messianiques et grotesques, dignes d’un bonimenteur à gourmette/rolex dorée mais indigne d’un président n’en sont que plus pitoyables.

Souvenons nous que notre bouffon en costard qui s’est senti obligé d’aller sermonner la planète à l’ONU, en disant qu’il fallait la sauver, ne s’est pas privé de nous dire que nous étions des feignants, que les enfants de nos colonies étaient malvenus chez nous, que les Africains n’étaient que des paresseux sans Histoire, et que malgré les grands engagements de façade, l’environnement n’est finalement qu’un sujet d’activité d’éveil.

J’aimerais qu’il l’entende, ce discours. Malheureusement, je doute même que ce président ne soit ne serait-ce que capable de l’écouter en version originale : « Sarko l’Américain » n’est pas capable de commander ses hamburgers dans un fast food sans traducteur assermenté… À défaut d’y puiser des convictions, Sarkozy, et ne parlons pas de sa plume infâme, y trouverait au moins une leçon, un modèle de stature et de réalisme qui nous manque tellement.

Nous attendons encore celui ou celle qui s’adressera à nous comme à des citoyens, et qui regardera notre passé en face, nos colonisations et décolonisations, nos relations tumultueuses avec le Maghreb et en particulier l’Algérie, qui se débarrassera des camps et des partisans, et qui lancera les investissements nécessaires pour faire face aux enjeux énergétiques, environnementaux, éducatifs, de recherche, culturels et sociaux…

Vu le paysage politique français, on va attendre longtemps…

Assez !

Ras le bol de devoir traduire des documents pour lesquels les termes clés ont été choisis par des fainéants…

Exemple sur lequel je me fais mal tous les 100 signes : Support.

La traduction de « support » en français ne devrait pas être « support » mais « assistance » !

Dans le même genre répété jusqu’à la nausée par nos icônes médiatiques et politiques : « flexibility » qui devait être traduit à l’origine par « polyvalence » et non « flexibilité ».

Ça me casse les doigts de devoir constamment taper des termes inappropriés pour vendre de la soupe ou du yaourt franglais de « marcom » ou de « management » bafouillé par des handicapés du cerveau…

D’un côté ils nous brisent les cacahuètes en nous inventant des mots comme « courriels » ou « mél » au lieu d’utiliser le vrai nom qui permet de connaître son origine c’est-à-dire « e-mail ». Et de l’autre, ils se contentent de faux amis ou de choisir la version la plus réductrice, en terme de sens, pour des mots qui sont importants…

Moi, quand j’ai un problème de panne informatique, je veux que l’on m’assiste ou que l’on m’aide, pas que l’on me supporte !

Et quand je demande à mes collaborateurs salariés de faire preuve de polyvalence, voire de souplesse, je ne leur demande pas d’être « flexibles » (comme une lame d’acier par exemple)…

Et il y en a des tartines comme ça sur le Web, dans la bouche de nos « managers », de nos « journaleux », sans parler des « politiques »…

Argh ! Au secours !

Haaaa !

Joie.

Je suis enfin parvenu à comprendre comment fonctionne le client FTP de MacJournal, je vais donc pouvoir joyeusement « poster » des images et des extraits de toutes sortes dans mes « articles ». Je vais enfin pouvoir recoller tous mes morceaux :)

Tiens, pour la peine, une petite gâterie, c’est la saison de la neige artificielle « par chez nous » :

wpid-env_neigechim-2006-05-8-23-53.jpg

C’est beau le progrès !

Plan cancer…

Et pour « fêter » ça (voir article précédent), je vais parler d’un document qui doit être diffusé demain (mardi 9 mai 2006) sur France 5, chaîne encore publique (mais pour combien de temps) dont on ne vantera jamais assez les mérites face au pus télévisuel déversé en continu sur les « grandes » chaînes que sont XX1 et X6 talonnées depuis peu par X 2, mais je m’égare.

Donc, le document en 2 parties « LA GUERRE CONTRE LE CANCER », que Je n’ai pas encore vu donc, mais que je me ferai un plaisir d’enregistrer, est présenté notamment avec entre-autre commentaire : « […] Les facteurs de risques environnementaux et professionnels pourtant mis en évidence par certaines études sont soigneusement éludés. Puis, une nouvelle ère s’ouvre avec l’engagement des laboratoires pharmaceutiques. Le cancer est devenu une affaire rentable… ».

Comme c’est joliment pudique cette petite chose là :-/

À la lecture de ces quelques lignes, je me sens transporté : se peut-il qu’un « grand média » se décide enfin à aborder de front et à revenir sur l’empoisonnement de masse de nos sociétés et du coupable silence des médias et d’Élus Pour Rien ?
En effet, malgré le « plan cancer », cette énorme mascarade lancée en 2003, sans sourciller, par notre chef coutumier national Jacques Chirac (encore une, eh oui, coutumier je vous dis), il y a toujours autant de produits hautement toxiques et cancérigènes sur les rayons des grandes surfaces et de la grande distribution dans le commerce. Si vous poussez le chariot pour faire vos courses pour la maison, pour le jardin ou pour bricoler et que vous voulez un tant soit peu éviter de vous intoxiquer, il faudrait que vous évitiez la majorité voire la quasi-totalité des produits étalés dans les rayons ; ça demande un effort que peu de gens sont prêts à faire, et les marchands du temple le savent bien…

Vous remarquerez d’ailleurs que chaque fois que l’on parle de protéger, tout simplement, les gens (ici, en l’occurrence leur santé, ce qui n’est pas une simple variable d’ajustement pour reprendre un terme à la mode), on se voit opposer les coûts pour les industriels, les pertes d’emplois etc. Donc, pour avoir le droit de vivre, il faut s’empoisonner.

Autres joyeusetés, ces publicités qui me pétrifient d’effroi :

pub_titnuage.jpg

Dans la chambre des mômes en plus ! Je pense déjà aux savons, aux crèmes, aux parfums des couches, aux lingettes, au papier toilette (qui vous en conviendrez doit impérativement être blanchi, puis teinté, puis parfumé pour l’usage auquel il est destiné), aux papiers peints, aux colles, aux traitements des objets en bois, aux peintures, aux moquettes, aux teintures, aux vêtements, aux additifs alimentaires, aux parfums alimentaires, aux colorants, aux pesticides, aux mauvaises cuissons, aux produits nettoyants et j’en oublie tellement.
Comme si ça ne suffisait pas, tiens un petit nuage de parfum (de synthèse ?) avec pulvérisateur automatique histoire de ne pas oublier de prendre sa dose pendant le sommeil. Le premier qui prononce le mot « éthique »…

Et on ne peut pas me taxer de mauvaise foi ou d’approximation, de nombreuses personnalités scientifiques tentent régulièrement par tous les moyens de prévenir et d’alerter l’opinion publique et les médias, comme par exemple avec l’Appel de Paris… Et c’est grâce à des organisations comme Greenpeace que des initiatives, comme le programme REACH, parviennent à voir le jour. Ce ne sont certainement pas nos parlementaires nationaux qui auraient pu se bouger de ce côté-là.

Et je passe sur les laboratoires pharmaceutiques qui, on s’en doute, ne travaillent pas pour la gloire et ont bien des arguments à faire valoir à nos représentants qui se trouvent être dans la cible qui n’a (ou n’aura bientôt) pas intérêt à se fâcher avec son médecin.

On pourrait aussi se pencher sur le coût financier à moyen et long terme de cette absence d’action, de la part de ceux-là même, « responsables » politiques, qui ne cessent de nous parler du coût exorbitant de la protection à la Française…
Pour simplifier : Les fabricants et les distributeurs font leur beurre en vendant (en toute connaissance de cause, c’est un point capital) du poison, et quand il faut passer à la caisse pour les dégâts, c’est la collectivité qui doit assumer.

Malgré la catastrophe sanitaire et humaine en cours, les médias traditionnels continuent donc de regarder ailleurs pour éviter de fâcher les annonceurs et autres pourvoyeurs d’idées saines pour leurs économies, tandis que des représentants du gouvernement continuent d’endormir les gens en énonçant très sérieusement des évidences du style : la nécessité d’améliorer « l ‘annonce de la maladie, le fonctionnement des systèmes de soins, la prise en charge sociale des patients et des familles, l’accompagnement psychologique des malades… ».

Donc, espoir, espoir, le document (taire ?) sera-t-il à la hauteur de l’enjeu ?

En attendant, consultez sans réserves le site de l’ARTAC, notamment « 30 règles pour se protéger ».

Raté

Israël et les Arabes, une paix insaisissable.

wpid-israrabs_7-2006-04-13-00-09.jpg

Fierté de politiciens préoccupés par leur stature, jeux d’alliances face aux échéances des urnes ou à l’opinion, intox, bref, une fois encore, pressions extrémistes religieuses, compromissions, etc. Le tout sur le dos des populations, comme d’habitude ; en l’occurrence les Israéliens et les Palestiniens qui paradoxalement, ne demandent qu’à faire la paix.

À voir absolument. Toutefois, ce documentaire ne pose pas la question ultime : à qui profite la situation ?

Morceaux choisis sans cohérence par rapport au documentaire :

– Le « président » Jacques Chirac semble plus s’intéresser à son image de chef d’État qu’à la possibilité qu’un accord de cessez-le-feu soit trouvé entre Israéliens et Palestiniens, négocié difficilement sur le petit bout de territoire américain au cœur de la capitale française sous l’égide de Madeleine Albright. Il n’a pas eu son quota de caméras et de flash, c’est contraire au protocole.

Il appelle donc Madeleine Albright pour lui demander de se rendre à l’Élysée avec Ehud Barrack et Yasser Arafat…

wpid-israrabs_2-2006-04-13-00-09.jpg

Madeleine Albright : « And I said, in french, mr president, it’s an important moment, this is not really a good idea for us to come right now, we’re about to come to an agreement on this document. »

Alors que Yasser Arafat s’était engagé à signer l’accord, passé la réunion à l’Élysé, il s’en va précipitamment en se défaussant sur un ministre pour sa signature. Pas d’accord. Les négociations tombent à l’eau…

wpid-israrabs_1-2006-04-13-00-09.jpg

– À propos du mur de séparation :

Après avoir vu sur des cartes, concrètement, en quoi le mur de séparation allait spolier les Palestiniens, en annexant de fait tous les territoires sur lesquels le mur est censé protéger des installations d’Israéliens ; Georges Bush voit bien qu’effectivement les Palestiniens ne pourront jamais accepter cela, et doit reconnaître que le mur est un problème.

wpid-israrabs_3-2006-04-13-00-09.jpg

Abou Mazen : « Le président Bush à dit : ça coupe la Cisjordanie en deux comme un serpent, il a pris la carte, l’a regardée, et l’a mise de côté, d’un geste agacé disant à Dick Cheney : avec ce mur on aura jamais d’état Palestinien ».

wpid-israrabs_5-2006-04-13-00-09.jpg

Georges Bush : “I think the wall is a problem, it is difficult to develop confidence between the palestinians and the israelis with a wall snaking into the west banks.”

Commentaire d’Ariel Sharon avec un petit sourire en coin :

Ariel Sharon : « Là, j’ai cité une phrase du poète américain [Walt] Whitman : les bonnes barrières font les bons voisins ».

wpid-israrabs_4-2006-04-13-00-09.jpg

Walt Whitman avait violemment pris parti contre les Mexicains lorsque les Américains, à l‘initiative du président Polk, ont provoqué le Mexique en traversant le Rio Grande en 1846 au lieu de s’en tenir à la frontière formée par la Nueces River (cette dernière frontière était contestée par les Américains).

Aucun politique américain, qui se revendique texan de surcroît (le Texas venait d’être rattaché aux États-Unis en 1845), n’a oublié que la guerre, puis l’invasion qui a suivi, que cette provocation calculée a entraînée, avaient pour but de récupérer les territoires qui forment aujourd’hui le Nouveau-Mexique, l’Utah, l’Arizona, le Nevada et une partie du Colorado, et surtout, la Californie que beaucoup d’Américains belliqueux en mal de débouchés à l’ouest, rêvaient ardemment de conquérir à ceux qu’ils considéraient sans détour comme de misérables fainéants.

C’est peut-être pour Ariel Sharon l’occasion de donner sa position aux Américains : c’est dans son intérêt et en matière de conquête de territoire, il n’a pas de leçon à recevoir des États-Unis.

Aujourd’hui, les Israéliens continuent de vivre avec la peur, et les Palestiniens voient leurs territoires constamment réduits, et le gouvernement qu’ils ont pourtant démocratiquement choisi, être rejeté de la scène internationale. Les fous de dieu (et les idées reçues) des deux côtés de la frontière vont continuer leurs abjectes besognes.

Qui va encore payer ?

Les enfants Israéliens* :

wpid-israrabs_8-2006-04-13-00-09.jpg

et les enfants Palestiniens* :

wpid-israrabs_9-2006-04-13-00-09.jpg

Ça devrait être un argument suffisant pour faire taire les armes, non ?« Israël et les Arabes – Une paix insaisissable ».

Série de trois documentaires réalisés par Norma Percy, Mark Anderson et Dan Edge

Épisode 1 - Les négociations de la dernière chance. [1999-2000]

Épisode 2 - Arafat assiégé. [2001-2002]

Épisode 3 - Le grand projet de Sharon. [2002-2005]