C’est toujours possible…

Il y a encore un patron qui a appelé le répondeur de là-bas si j’y suis pour s’en prendre à ceux qui profitent du système : vous savez, les parasites, les profiteurs, les branleurs surprotégés par un système social permissif et protectionniste

À force de se bourrer la tronche avec des idées comme ça, ils ne sont pas loin de se lancer dans la purification de la société, à l’instar de la forêt allemande, prémisses de la purification de la race allemande…

Bref, ils nous saoulent avec les « profiteurs de système payés à rien foutre ».

C’est tellement plus facile de s’en prendre à des boucs émissaires que de remettre en cause les valeurs réactionnaires et égoïstes qu’ils défendent, alors même qu’ils voient la planète en crever…

Bref, je suis encore allé bafouiller un truc sur le répondeur, après l’émission du 31 mai (non diffusé) :

« Salut à toute l’équipe, et merci pour vos émissions,

Je voudrais répondre au patron qui a laissé un message invitant les ouvriers à s’en prendre aux autres ouvriers et chômeurs qui selon ce discours racoleur, profiteraient soi-disant du système :

Alors ; comme moi aussi, je suis de la catégorie des petits patrons, je voudrais lui dire plusieurs petites choses :

Ce n’est pas qu’une question de compétitivité, c’est un faux problème, ça, c’est l’arbre qui cache la forêt.

Je suis un sous-traitant dont l’effectif va et vient en fonction des coups de bourre d’une grosse entreprise et, en tant que « petit patron », je fais bien la distinction entre le boulot que mes employés et moi-même faisons, et la folie financière qui s’empare de managers et d’actionnaires qui ne savent pas ce que c’est que de travailler et produire, justement…

Il suffit de regarder l’évolution, au cours des trente dernières années, de la part du PIB qui va au travail (oui, au travail) et aux comptes sociaux, par rapport à la part croissante consacrée à la rémunération du capital, dans tous les secteurs !

Si ce patron qui invite à la haine des autres faisait l’effort de réfléchir, au lieu de répéter bêtement ce que le MEDEF et la CGPME nous matraque sur tous les médias, il saurait que la part des richesses produites en France va de moins en moins à ceux qui les produise ces richesses, et de plus en plus à ceux qui placent leur argent et à leur clique de conseillers, d’experts financiers et de consultants en tous genres, qui prolifère comme une gangrène autour des marchés financiers, eux-mêmes totalement coupés de la réalité de l’entreprise.

Là, il y a les vrais profiteurs qui vivent grassement du travail des autres tout en bas de l’échelle…

Et que dire, que dire si on faisait la chasse au travail au noir, aux aides indues aux entreprises, ou encore aux magouilles et au système féodal permis par la décentralisation…

Quand on entend l’imposture des discours de la droite dite décomplexée autour de la valeur travail, alors qu’ils sont tous la à baver sur les rentes, il y a vraiment de quoi être dégoûté par la masse de moutons qui bêlent en cœur.

Enfin, une dernière petite chose, quand même, on ne dit pas « charges », s’il vous plaît, mais « cotisations sociales ».

Pour conclure je dirais à tous mes petits collègues patrons de toutes tailles : si vous voulez continuer à être, vous et vos employés, les larbins du CAC40 et des intermédiaires de bourse et des marchés financiers, allez-y, votez tous pour la vague bleue du nouveau messie Sarkozy, ça, vous allez « marner », n’en doutez pas

Voila, c’était un petit patron d’Ardèche, en colère. »

Mélange des genres

Nicolas Sarkozy : « Je veux lancer à tous les Africains un appel fraternel pour leur dire que nous voulons les aider à vaincre la maladie, la famine et la pauvreté et à vivre en paix. Je veux leur dire que nous déciderons ensemble d’une politique d’immigration maîtrisée et d’une politique de développement ambitieuse. »

Cadeaux « bonux » dans le paquet de lessive présidentiel :

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Pour les militants de l’UMP qui continuent à dire qu’il n’y a rien de mal à prendre des vacances sur un yacht, il serait peut-être intéressant de se souvenir que c’est le yacht de Vincent Bolloré, ami personnel de N. Sarkozy, et que pour les Africains, Bolloré ne rime pas vraiment avec développement

Qui a parlé de morale ?

Mélange des genres

Nicolas Sarkozy : « Je veux lancer à tous les Africains un appel fraternel pour leur dire que nous voulons les aider à vaincre la maladie, la famine et la pauvreté et à vivre en paix. Je veux leur dire que nous déciderons ensemble d’une politique d’immigration maîtrisée et d’une politique de développement ambitieuse. »

Cadeaux « bonux » dans le paquet de lessive présidentiel :

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Pour les militants de l’UMP qui continuent à dire qu’il n’y a rien de mal à prendre des vacances sur un yacht, il serait peut-être intéressant de se souvenir que c’est le yacht de Vincent Bolloré, ami personnel de N. Sarkozy, et que pour les Africains, Bolloré ne rime pas vraiment avec développement, mais plutôt avec pillage

Qui a parlé de morale ?

Le cauchemar continu (e)

Souvenir du Cameroun…

C’était mon « nounours ». Il adorait me faire rigoler et me faire des chatouilles… On allait parfois passer le dimanche chez lui…

Un bon copain à mes parents. Je l’avais choisi être mon parrain, et celle qui me faisait des tartes tatins pour dessert (la femme du DG de la BICIC, pour être ma marraine « en or » (elle aimait bien les bijoux). À sept ans, j’ai voulu être baptisé, à Mvolié, par le père Veseval…

27 ans plus tard, je suis là à ressasser mes malaises, mes cauchemars, mon dégoût, le goût amer que me laissent une enfance et une adolescence privilégiées au milieu de la misère dont mes proches étaient les instruments. Je suis avide de lumière et je ne veux plus qu’une chose que le cauchemar africain s’arrête…

Depuis l’adolescence cette horreur me tourmente.

Je lis dans les dossiers noirs n° 14, « Le silence de la forêt, réseaux, mafias et filières bois au Cameroun » :

« Pris à part, Robert Coron est un vrai nounours. Forestier bourru et figure éminente de la communauté française expatriée de Yaoundé, membre influent du tout-puissant Groupement Interpatronal du Cameroun (GICAM) et parmi les critiques les plus féroces des détracteurs de l’industrie forestière.

[…] Aucune de ses propriétés n’est à plus d’une heure de conduite du port, et le salaire de base à la scierie n’excède pas 123 FCFA de l’heure.

[…] Les Français sont présents dans tous les réseaux et dans tous les rackets du pays. Mais si Rougier, Thanry, Bolloré, Pallisco et Coron sont aussi aptes que leurs connexions françaises à prendre des libertés graveleuses avec la loi, leur énorme machine de relations publiques — le gouvernement français — réussit généralement à garder les yeux braqués sur les énormités des Malaysiens, des Libanais ou des rusés Anglo-Saxons. »

C’est à hurler comme on peut être innocent au milieu de rapaces

Passage de relais françafricain…

Comme vous ne verrez aucune de ces images sur les médias français, je me permets de vous les montrer …

Le nouveau « vieux* » de notre pré carré françafricain, c’est le « doyen » Omar Bongo.

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Il faut dire que c’est un vrai « ami », Omar :

« Quant à dire que les liens que la France a tissés avec le pays, il faut y mettre fin, parce qu’on pense que c’est la bonne manière de faire plaisir au Gabon, je dis non. »

Bref, entre la déclaration de J. Chirac de ne pas y aller, et avant de donner son « soutien » à N. Sarkozy, il fallait s’assurer que le prétendant au trône, et son empêcheur de ségoléniser en rond, F. Bayrou, aient tous deux accepté le passage de témoin comme il se doit (et vu l’agitation grandissante dans le pré carré à l’approche des élections, c’est indispensable).

Après avoir dit de N. Sarkozy qu’il « n’y comprenait rien » (à propos des relations avec l’Afrique), Omar Bongo a donc « reçu en audience » en début de semaine les deux prétendants de droite

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N. Sarkozy : « J’ai écouté les conseils du président Bongo qui a une grande expérience diplomatique, je lui ai expliqué comment se passait la campagne, j’ai recueilli ses sentiments d’amitiés qui sont pour moi très importants, je l’ai assuré également de mon intérêt pour l’Afrique, de mon amitié pour l’Afrique et de ma fidélité pour l’Afrique » (N.D.L.R. : M. Sarkozy s’adresse à un journaliste africain, c’est important pour comprendre la subtilité).

Puis ensuite, M. Bayrou, dont il est bon de rappeler sa « position » sur le sujet :

« (…) les réseaux, les yeux fermés, la Françafrique, ça ne correspond pas à notre idée du développement démocratique de la France. »

Ah bon ?

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[Ah, mais on avait pas dit qu’il y aurait la TV — Bah, c’est juste pour chez nous]

Puis, une fois terminé, ce fut au tour de Villepin, pour conclure, en somme…

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[Ah Omar, elle est superbe celle-là, et puis c’est une vrai – Oui, c’est un cadeau de Chirac]

Bref, savourons ensemble la conclusion de ce dernier :

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D. de Villepin : « D’abord l’entrevue c’est le plaisir de revoir le président Bongo, vous connaissez les liens très profonds d’amitié entre le président Chirac et le président Bongo, les liens avec la France, qui sont des liens très anciens et c’est l’occasion de faire un point sur les grands dossiers africains et aussi entre la France et le Gabon ; et puis les grandes situations de crise, la sagesse du président Bongo est toujours importante pour la diplomatie française et, aujourd’hui, dans la situation du Darfour, dans la situation plutôt favorable de la Côte d’Ivoire, nous avons beaucoup de dossiers qui sont sur la table. »

« Puis, en ce qui concerne l’avenir, en tout état de cause (N.D.L.R. bis : M. Villepin s’adresse à un journaliste africain, c’est important pour comprendre la subtilité) c’est une profonde fidélité à l’Afrique, une profonde fidélité à mon engagement vis-à-vis de ce continent, je suis né en Afrique (N.D.L.R. : moi aussi, je peux aller parler de tout cela avec Bongo ?), donc c’est défendre la paix, défendre la justice, quoi qu’il arrive et en toutes circonstances. »

Ça me rappelle les propos de Jacques Chirac, à propos de Mobutu, c’est fou comme l’histoire est un perpétuel recommencement…

Après avoir lu : « Pas question de laisser Sarkozy faire copain-copain avec Omar Bongo, qui connaît la plupart des secrets de la Ve République en général et de la Chiraquie en particulier » nous voilà donc rassurés, la françafrique va pouvoir continuer son petit bonhomme de chemin pour le plus grand bonheur des Africains, bien sûr…

P. S. Et bien alors Ségolène, vous avez des soucis avec Jean-Christophe ?

* Le « Vieux » étant le petit nom de feu Felix Houphouët-Boigny

Images extraites du journal TV gabonais via africatv.info.

Les éléments entre [ ] sont des interprétations personnelles.

RCI ya – plus – drap ?

Ça paraissait bizarre alors que depuis plusieurs années, c’est un silence assourdissant sur la Côte d’Ivoire, sur les rapatriés français que l’on ignore comme une maladie honteuse, sur la désinformation constante à laquelle se livrent les différentes parties en présence (une caractéristique majeure de la françafrique) on voit ces dernières semaines, plusieurs documents sur le sujet de la Côte d’Ivoire (Pièces à conviction sur France 3, La bataille d’Abidjan sur Arte…) diffusés à des heures de grandes écoutes sur des chaînes nationales… Des émissions qui montrent beaucoup de choses, mais qui finalement ne révèlent pas grand-chose sur les dessous des cartes.

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Alors que la « crise Ivoirienne » s’enlise depuis maintenant plus de 4 ans, on voit à quelques jours des élections présidentielles en France apparaître un dénouement pour le moins surprenant : un accord entre les deux parties en présence, portant sur les élections (élections maintes fois repoussées par Laurent Gbagbo) et une entente jusqu’à des élections dans une dizaine de mois !

Outre la présence française et le rôle de la Côte d’Ivoire dans le pré carré africain de la France, il serait important que les Français aient été et soient encore aujourd’hui mieux informés de ce qu’il s’y passe, des enjeux et des implications de la France et des voisins de la Côte d’Ivoire dans cette crise et de la position délicate dans laquelle la France s’est mise là-bas…

Chirac et le gouvernement de Dominique de Villepin, qui s’apprêtent à quitter la place et qui auront sans doute des choses à redouter du nouveau locataire de l’Élysée, essayent-ils de se débarrasser vite fait mal fait d’un cadavre françafricain qui reste dans leur placard ?

Comme on peut le lire dans l’excellent dossier « Côte d’Ivoire en guerre : dynamiques du dedans et du dehors » de Politique Africaine (N° 89 mars 2003), chapitre La politique de l’engagement de la France

« Au Figaro, Toussaint Alain* a déclaré le 8 février 2002 : « Villepin devrait se méfier. Les dessous des relations franco-ivoiriennes, notamment à l’époque où il était secrétaire général de l’Élysée, ne sont pas toujours très reluisants. Nous sommes un peu étonnés qu’après toutes les largesses dont la Côte d’Ivoire à fait preuve à l’égard de l’Élysée, Monsieur de Villepin se comporte ainsi. Nous aussi, nous avons des dossiers. »

* Conseiller en communication à Paris de Laurent Gbagbo.

Comme le précise l’association Survie, que l’on ne peut pas qualifier de pro interventionniste quand il s’agit d’envoyer des troupes françaises en Afrique, l’absence d’intervention de la France dans ce cas précis aurait peut-être mené à des événements du même type que ce que l’on a vu au Rwanda.

Toujours dans Politique Africaine (N°97 mars 2005) « Côte d’Ivoire : le canari d’eau de Jacques Chirac » par Yacouba Konaté :

« Pour transformer une situation apparemment ouverte en un problème insoluble, les acteurs politiques ont disqualifié les instances d’arbitrage, épuisé les médiateurs, renié leurs engagements et renégocié les accords passés. Tout en proclamant l’unité et leur attachement à la Côte d’Ivoire, ils n’ont accepté que des compromis ambigus. Ils ont créé des milices, ruiné l’économie et érodé l’autorité de l’État, en attendant les sanctions onusiennes. Au final, la situation sociopolitique est gelée. Actionnés par les mouvements patriotiques, les blocages économiques et sociaux trouvent leurs relèves militaires dans les milices d’autochtones. »

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On peut effectivement, a priori se réjouir des propos de Laurent Gbagbo, qui mettent en avant une « solution africaine » sans interventions autres qu’africaines, et qui va jusqu’à parler d’amitié avec le Burkina Fasso, de communauté de destin.

Mais on peut aussi craindre, si aujourd’hui la force d’interposition Française se retire aussi rapidement, et compte tenu du fait que chacune des deux parties en présence n’avait jusqu’à présent souhaité qu’une seule chose, c’était d’avoir les coudées franches pour en finir avec l’adversaire, chacune persuadée qu’elle l’emporterait rapidement sur l’autre, c’est que ces manoeuvres ne visent qu’à se débarrasser d’un empêcheur de régler les comptes en rond pris dans une position de ni Gbagbo, ni rebelles (sans n’avoir jamais été cohérent pour soutenir l’un ou l’autre, ou n’avoir jamais réussi à imposer une nouvelle équipe par un coup).

À moins que l’entente vise à se débarrasser tout simplement d’un allié volage dont les coups on fait long feu, le risque de se désengager trop vite n’est-il pas le risque de se diriger vers un bain de sang si les deux parties veulent finir le travail

images extraites du document « Pièces à conviction – Côte d’Ivoire : roquettes sur nos soldats » diffusé sur France 3 le 2 mars 2007.

Généreux !

Ça fait maintenant 17 ans que j’essaye d’expliquer aux gens que je rencontre les mécanismes de ce que l’on appelle la françafrique, la foutaise de la « dette des pays du sud » etc. Et en quoi c’est important de se bouger là-dessus.

J’ai trouvé une solution simple qui m’évitera de me décomposer devant la mauvaise fois crasse de nombre de nos concitoyens, je vais diffuser les excellents petits fascicules créés par les Renseignements Généreux !

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En quelques pages, l’essentiel est dit…

Ça nous changera de l’imposture de la campagne de com. de Pierre Péan sur l’altermondialisme de Jacques Chirac ! Pincez-moi, je fais un cauchemar…

Méditons ensemble :

Brigitte Girardin, ministre déléguée au Développement : « ce que l’on appelle la Françafrique n’existe plus depuis longtemps. Nous avons désormais avec les pays africains une relation de partenariat. »

La Françafrique ? « Un héritage que la France assume » ?

Des antilibéraux et des altermondialistes :

« Utopistes », « irréalistes », « passéistes »…

« Trotskistes », « communistes », « léninistes », « staliniens »…

« Droit-de-l’hommiste », « doux dingues » ou « irresponsables », c’est selon…

« Pédés », « écolos de merde »…

Les amalgames, les qualificatifs orduriers ou condescendants dont nous affublent tous ces gens très sérieux et très honnêtes, qui mettent joyeusement le monde à feux et à sang au non du réalisme de la vie, de l’économie, se balayent d’un regard :

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Ne perdons pas de vue l’essentiel.

Les justes… et notre probable président ?

Culte de la personnalité
Apologie de la violence
Approbation de valeurs racistes
Soutien à la justice personnelle armée
Protection des puissants
Impunité des violences policières
Remise en cause de l’égalité
Ferveur « populaire » organisée…

En cas de victoire de cet homme, quel sera le comportement de certaines franges des forces de l’ordre contre les hommes et les femmes de ce pays qui sont en résistance non violente contre le non-respect des humains et de la nature.

En cas de victoire d’un de cet homme, qui protégera ceux qui défendent des valeurs d’égalité, d’humanisme et de justice sociale contre les violences alors qu’ils sont dans un environnement hostile, violent et armé.

Quand on vit dans le monde rural, la France que certains appellent avec mépris la « France profonde », on baigne dans un univers ou les opinions « contenues » par la loi se libèrent, se lâchent parfois pour révéler leurs vraies valeurs. Dans ces moments-là, autour d’un café dans la cuisine de la ferme, ou après le pastis ou la marquisette dans un bar ou au loto, les juifs, les francs maçons, les bougnoules et les nègres sont vite au cœur de discussions. On entend qu’il y en a trop, que les jeunes chevelus sont des graines de voyous, que le monde se divise entre ceux qui travaillent et les autres (les communistes, pédés, écolos, gauchistes, et autres branleurs à qui il faudrait bien remettre les idées « en place »).

Dans nos campagnes, de nombreux hommes sont armés et taquinent facilement la bouteille. Ici, on sait qui est qui : ceux qui défendent le social et les gens de couleurs ou différents se comptent sur les doigts des mains.

Si nous nous faisons traiter d’Indiens ici, ou de tchétchènes là, nous avons toutes les raisons de nous inquiéter du sentiment d’impunité que pourraient ressentir de nombreux hommes armés si ceux qui portent leurs « valeurs » se retrouvaient au pouvoir. L’engagement de ce peuple-là pour cet homme ne laisse d’ailleurs aucun doute sur leurs espérances…

La question sous-tendue par l’hommage de la république aux justes reste : que se passerait-il aujourd’hui en pareille situation ?

Si demain il y avait une chasse à une ethnie ou à un groupe religieux en France, on sait bien ici qu’ils auraient du mal à se mettre à l’abri, à se cacher.

Quand un candidat à la présidentielle va flatter cet électorat dans le monde rural, en incarnant les mêmes valeurs que celles du Front National mais sous un verni plus « respectable » on a tout lieu de s’inquiéter.

Il faut savoir qu’ici tout se mélange : il est difficile d’assister aux conseils municipaux (il ne faut pas se mêler de ce qui ne nous regarde pas), les communes soutiennent financièrement des écoles privées catholiques avec de l’argent public (avec la complicité du préfet) tandis que le curé fait des sermons en parlant d’école du diable pour l’école publique… Il ne faut pas regarder les ambiguïtés entre les activités professionnelles de certains élus et les marchés publics, il ne faut pas questionner le mode de fonctionnement de collectivités qui sont incroyablement soumises à l’entrisme, aux copinages, y compris en matière d’emplois…

Loin de moi l’idée de nous comparer aux justes ! Non, pour ma part, je ne sais pas si j’aurais le courage de ces hommes et de ces femmes. Par contre…

Mais en tant que membre d’une communauté minoritaire (qui défend les services publics, l’école laïque, le refus du racisme, des inégalités et de la violence, qui demande de transparence dans les institutions publiques locales etc.) dans un environnement hostile, qui ne ferme pas sa gueule, j’ai toutes les raisons de m’inquiéter de ma survie, au sens propre du terme, pour moi et ma famille.

Ce ne sont pas les gendarmes d’ici qui me protégeront si un groupe d’énervés décidait de venir m’expliquer comment les choses fonctionnent localement puisque dès leur arrivée ici, ils sont pris en main et intégrés au système pour que tout reste dans l’ordre… des choses.

S’il nous arrivait quelque chose (pression, violences, « accidents »…) nous ne pourrions compter que sur nous-même.

Drôle de conception républicaine…

Là-Bas et le Rwanda…

J’avais laissé ce message sur le répondeur de Là-Bas ce matin (ce mardi 9 janvier), mais il n’a pas été diffusé. C’est vrai que je m’y exprimais très mal (je me demande si c’était audible même) mais j’ai particulièrement apprécié ce qui a été dit sur le Rwanda…

Salut Daniel,

Je voudrais répondre à l’auditeur qui est revenu sur ta « prudence » à propos des derniers événements concernant les relations entre la France et le Rwanda.

Tout d’abord, comme tu l’as fait remarquer, Colette Braeckman a rédigé un excellent article dans le dernier diplo et je rêverais que tous les gens qui s’intéressent à la politique Française en général le lisent. Si l’on se réfère aux propos de Pierre Péan face à la position de F.X Verschave puis à celle, bien opportuniste, aujourd’hui du juge Bruguière, on a la en effet un pur produit de la françafrique.

Il y a des querelles de spécialistes pour savoir si oui ou non, la France a, en connaissance de cause, formé les futurs génocidaires, si elle les a aidés à s’organiser, si elle a réglé les hausses des armes lourdes avant de laisser la place aux militaires rwandais pour faire feu, si elle a participé à l’attentat contre Juvénal Habyarimana, si elle a volontairement laissé faire tel camp, ou empêché tel autre, etc.

L’Afrique et la France, dès qu’il s’agit de médias et de politique, reste un tissu de grenouillage et de désinformation (de tous côtés) au milieu duquel se trouvent les vérités, là, comme le nez au milieu de la figure, et, si un des moyens pour comprendre ce qu’il s’y passe peut être l’accès aux archives, comme tu le dis, il y a un autre moyen plus simple qui n’est hélas, que très rarement utilisé par les médias : c’est d’interroger publiquement les Belges et les Français qui étaient sur place les années et les mois avant le génocide, voire ceux qui ont été évacués.

Chez les Occidentaux qui vivent sur place presque tout se sait, on en parle à table entre « passe-moi le sel » et « je prendrais bien du dessert », et ce serait particulièrement intéressant d’entendre les témoignages de tous ces gens. Pas forcément les diplomates, mais les petites mains, les employés de sociétés européennes, les gens qui avaient leur petite entreprise sur place, les coopérants, leurs enfants, etc.

Pour te donner un autre exemple, hormis quelques petits reportages par-ci par-là pour montrer que les Français qui ont précipitamment quitté la Côte d’Ivoire lors des derniers événements, ont pour certains, tout perdu, pourquoi n’y a-t-il jamais de grande enquête ou de soirée spéciale de reportage, de document et surtout de débat dans les grands médias sur les mois et les années qui précèdent les événements. Mais pas seulement avec les protagonistes (victimes, bourreaux, militaires) pas seulement des experts, des journalistes et des politiques, non, avec des gens qui vivaient sur place, des petites mains du système…

C’est un peu comme une « maladie honteuse », on n’en parle pas.

Parce que toute cette dispute autour de l’autopsie du peuple Rwandais (mais on pourrait parler de bien des histoires françafricaines, et je ne veux pas du tout minimiser le génocide), tout ce débat donc c’est un peu l’arbre qui cache la forêt : la vraie question reste : Que fait la France en Afrique ? Je ne parle pas des tartes à la crème de la supposée aide au développement, ou des accords militaires ou de coopération, ou des relations HISTORIQUES, etc. Je ne parle pas, en soi du fait que des Français y vivent, là comme ailleurs dans le monde. Non, que fait la France en Afrique ?

Si on parle de la France au Rwanda et de son rôle dans la tragédie du Rwanda, et pas du rôle éventuel de l’Allemagne, du Japon ou du Brésil, c’est parce que la France, ELLE, y était. Et qu’y faisait-elle vraiment ? Quand le président parle dans ses voeux de l’engagement des militaires français dans le monde, qui se demande où ils sont et ce qu’ils y font ?

Bon, j’ai une idée de la réponse, mais je ne vois pas beaucoup de gens qui se posent la question, ce qui est vraiment dommage, parce que c’est un nœud qui est vraiment au cœur de la république. Comprendre la Françafrique, c’est mettre à nu tous les rouages de notre belle république et des partis dits de gouvernement.

Attends, j’ai un petit jeu : vous vous souvenez du Biafra ? Et bien, que se passe-t-il au Darfour ? mmhh ? Que fait la France au Tchad, en République centrafricaine et à Djibouti ? Djibouti, ça ne vous dit rien ?

Et au fait, y’a pas un journaliste français qui était témoin direct des événements au Rwanda, mais qui connaissait aussi le Burundi, l’Éthiopie, la Somalie ou encore tiens justement le Soudan, et qui a été assassiné, tiens tiens, en Cote d’Ivoire ?

La France en Afrique, c’est une grosse pelote où tout s’emmêle… Mais…

Il faut tirer tous ces fils, parce que c’est là, là ! Sous nos yeux !

Bon allez, merci à toute l’équipe de Là-Bas.

EDIT2020 – Ce site a perdu ses commentaires initiaux durant ses multiples réinstallations, les voici (récupérés sur Internet Archive) :

  • patfalc 9 jan 2007 à 10:37 pm

    ben moi, ça me parait clair…comme de l’eau de roche.vous avez raison d’insister sur les petites gens.Non seulement on ne veut pas les entendre mais en plus elle payent un max les conneries de certains hauts placés.

  • anton marie paule 2 juil 2007 à 11:42 pm

    pourquoi Vladimir Cagnolari n’est il pas present cette année? Soro Solo nous dit que son absence est independente de sa volonté. Est il malade? ou sa presence n’est elle pas la bien venue? j’ai écouté la premiere aujourd’hui, il manque quelque chose…. Vladimir, reviens nous!